Un roman d'anticipation "intimiste" sur une guerre nucléaire dans les 1960s

Vu le contexte dans lequel il s'inscrit, "Le dernier rivage" est un roman qui a forcément un peu vieilli.
En effet, écrit en 1957, il évoque une fin du monde en 1963, suite à une guerre nucléaire majeure entre grandes puissances. Cependant, une fois cela accepté, cette inscription dans le passé, qui pourrait paraître très datée cinquante ans après, n'est pas véritablement dérangeante, d'autant que très peu est dit sur ce conflit. L'intrigue réside surtout dans le fait que la contamination descend lentement de l'hémisphère Nord vers le Sud et qu'alors que tout le monde est mort en Amérique du Nord et en Europe, les Australiens s'interrogent sur leur avenir.
Le roman de Nevil Shute s'attache ainsi plutôt à la psychologie et au comportement de plusieurs personnages centraux: un capitaine de sous-marin des Etats-Unis qui s'est réfugié dans le sud de l'Australie, des officiers australiens, avec leurs familles et leurs amis...
Même si plusieurs chapitres traitent de voyages, notamment à bord du sous-marin pour vérifier si la progression de la contamination nucléaire est ou non inéluctable, il s'agit donc en réalité d'un roman "intimiste", sur le comportement des hommes face à une fin de leur espèce qu'ils devinent de plus en plus impossible à éviter.
Toute action devient alors un peu vaine, sauf qu'au lieu de tourner l'Australie en avant-goût de "Mad Max", les personnages vont généralement préférer continuer comme si rien n'allait arriver, ou alors assouvir des rêves un peu fou, comme l'organisation d'un dernier Grand Prix automobile... "Le dernier rivage" s'avère ainsi un roman très bien construit et écrit qui, passé l'ambiance d'anticipation des 1950s, donne à réfléchir sur le sens de la vie.