“le diable est dans les détails”

Alexandre Katenidis a écrit un resumé qui dit l'essentiel. Je souhaite ouvrir une autre perspective.

J'ai lu ce livre avec d'autant plus d'intérêt que je me pose souvent la question “voit-on vraiment” un tableau ou un film ?

L'image fixe semble facile à voir, car on peut la regarder sous différents angles, de près ou de loin pendant une durée plus ou moins prolongée. Enfin, c'est que nous croyons. Daniel Arasse montre que regarder un tableau n'est pas si simple puisque des “détails” échappent même aux yeux de spécialistes.

Les images animées semblent facile aussi à voir, car il suffit de se laisser porter par le flux des vingt-quatre images par seconde durant un temps plus ou long (quelques minutes des premiers films à plusieurs heures des super productions). En fait, ce flux nous oblige à ne voir ou plutôt à ne décoder que des situations connues et donc variables selon l'expérience cognitive de chacun. Ceci explique la variabilité des réactions et des critiques d'un film. Quant aux “détails”, ils nous échappent le plus souvent.

Avant de lire ce livre, je m'étais amusé à répertorier les plans des aisselles non épilées d'une actrice dans les films que je visionnais. Cette petite expérience m'a montré la fragilité de notre vision d'une oeuvre filmique. Aujourd'hui, les différents supports numériques permettent de voir plus de détails d'un film. Cette investigation nécessite beaucoup de patience et de temps pour un résultat qui n'est pas toujours apprécié.

J'ai fait une autre expérience hier qui me donne à réfléchir sur tout ce qui nous échappe lors du visionnage d'un film. Hier, j'ai revu l'adaptation du <i>Comte de Monte-Cristo</i> réalisée par Robert Vernay en 1954. Je ne me souviens plus exactement quand je l'ai vue la première fois, mais qu'importe. J'avais sommairement noté que ni la mise en scène ni le jeu des acteurs ne me paraissaient intéressants. Or hier, je me suis rendu compte d'un “détail” qui m'avait totalement échappé et qui est pourtant de taille. Les scénaristes ont en effet fusionné deux personnages en un seul : Caderousse est à la fois Caderousse et Danglars. Je n'ai pas compris tout de suite le subterfuge. Je suis donc revenu en arrière (magie de la vision à partir d'un support électronique par rapport celle en salle) pour vérifier mon doute en comparant la scène de l'écriture de la lettre de dénonciation dans la version de Robert Vernay (co-scénariste) avec celle d'Alexandre Dumas.

Lire : Le comte de Monte-Cristo (1954), SensCritique.

J'espère qu'un passionné aura l'envie d'écrire Le détail - Pour une histoire rapprochée du cinéma...

Bibliographie :

- Filmographie Aisselles non épilées (photos), Ciné Monde.

- Dossier Aisselles non épilées & Poils, Monde en Question.

- Daniel ARASSE, Le détail - Pour une histoire rapprochée de la peinture, Monde en Question.