Le chat, la belette et le petit lapin malgré lui

Lettre ouverte à Monsieur Michel Onfray.

Bonjour.

Chaque fois que Michel Onfray croise mon humble chemin (entretiens et affrontements radios ou télévisés, ouvrages en vue dans ma médiathèque), je vois un être en butte à tous les tourments de la société des hommes où il semble devoir se défendre à longueur d'émissions ou de textes. Ce n'est pas la moindre raison qui m'a fait l'éviter jusqu'ici.

Bon, là, entre "deuil" et "mélancolie", on pouvait s'attendre à "La mélancolie du deuil", au "Deuil mélancolique", ou au "Deuil du mélancolique", ou encore au "Mélancolique en deuil". Ou peut-être, plus actuel, au "Deuil Mélancholique" ?

Il s'agit bien plus ici du deuil du praticien aiguisé que nous portons tous, nous autres pauvres patients coupables de tous les maux de nos corps acharnés à n'être pas jusqu'au bout les bons vivants qu'on se souhaiterait tous. Il devient difficile d'obtenir rendez-vous auprès d'un médecin, souvent hors de prix tant il est peu conventionné, et malgré tout tellement sûr de ses diagnostics hors concours des hôpitaux que l'on sait.

Il a bien raison, Michel Onfray, de se plaindre de la foultitude des Knock qui niquent les cliniques en cloque d'une clique de gisants en salles d'urgences, en correspondance entre ce monde et un autre, dont Monsieur Onfray doute à plume rabattue. Et avec raison : docteurs et garagistes, vétérinaires et hommes de loi, Molière, Romain et Raminagrobis lui-même nous en avaient avertis : tous le même combat à la Prévert, à cheval sur leur Tiroir-caisse de course. Et c'est bien gênant quand ce sont de surcroît des Diafoirus de foire d'empoigne.

Donc, bravo, une fois encore, Monsieur Onfray, pour cette "mise à jour" patéthico-médicale.

Par ailleurs, et ceci découlant de cela, la suite dans les idées nous mène au bout de ce chemin où nous nous croisons tous : notre mort et le décès de nos êtres chers.

En effet, il semble que les survivants soient le plus à plaindre. Néanmoins, cette épreuve met également "à jour" notre carnet d'adresses, en nous renseignant sur un entourage souvent plus civil qu'amical.

Hé ! De quoi se plaint donc le philosophe ? Le voilà au courant, regard obscurci mais décillé, sur des réalités ordinaires, bien trop humaines. Mais il aura beau faire, le philosophe, et dénoncer que le roi est nu, la cour reste peuplée des mêmes volailles prêtes à s'entre dévorer à coups de bec, de griffes. On sait bien, d'ailleurs, qu'un jour les poules ont eu des dents, qu'elles auront usées, sans doute.

Les "Ô tempora" n'y feront rien et n'y ont jamais rien changé. La cour des hommes est aussi basse qu'une autre.

Il semble bien que le seul rapport "humain" qui soit possible avec profondeur et égards, ne puisse, miraculeusement, exister que dans la cellule familiale. Avec toutes les restrictions qu'on sait. D'où, sans doute, la fameuse "mélancolie", de ne l'y point trouver, dans la société, faite, comme le grand peuple des champignons, de bien peu d'individus fréquentables.

Dans tous les cas, quoi qu'en aient les littérateurs, et ce n'est pas cynique de le dire, l'être humain est seul. Avec sa conscience. Ce qui n'arrange personne.

Mais, par la fin des attentes qu'il entraîne, cet unique credo suffit à tenir debout, non plus contre tous, mais sans mauvaise surprise et sans tuteur, pas même cet appui-là qu'est cette lutte menée par Monsieur Onfray contre une certaine société, toujours la même en son essence, que ce soit celle du loup, du chacal, de la galline ou celle des hommes et des Knock patentés.

Souvenez-vous en, Chevalier à la bisque figure de rage !

Et que la joie des labours et des prés vous revienne en pâture.

Un lecteur compatissant.

Barbiraggio
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le 10 août 2024

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