Livre que j’ai mis un peu de temps à lire, mais très intéressant sur l’éclairage qu’il m’a donné de la condition féminine, surtout pour quelqu'un du "premier sexe".
Je ne dirais pas qu’il a changé mon point de vue sur la femme, puisque je n’étais pas forcément conscient de cette condition, mais plutôt qu’il m’a ouvert les yeux sur une réalité que je n’imaginais pas. Des remarques simples, comme le fait que la femme a toujours été défini par rapport à l’homme, alors que lui se définit par rapport à lui-même, m’ont interpellé.
Ce livre essaie d’analyser les raisons de cette soumission de la femme à l’homme, à travers 3 approches : l’approche biologique, l'approche historique et enfin l'approche mythique. Cela permet de couvrir le sujet en profondeur, parfois en se répétant un petit peu, mais il le faut pour pouvoir marquer son lecteur.
Il y a de nombreux passages que je me suis noté :
« Un homme ne commence jamais par se poser comme un individu d’un certain sexe : qu’il soit homme, cela va de soi. »
« C’est là la conclusion la plus frappante de cet examen : elle est de toutes les femelles mammifères celle qui est le plus profondément aliénée, et celle qui refuse le plus violemment cette aliénation »
« le chasseur n’est pas un boucher : dans la lutte contre les animaux sauvages, il court des risques. […] Et par là il prouve avec éclat que ce n’est pas la vie qui est pour l’homme la valeur suprême mais qu’elle doit servir des fins plus importantes qu’elle-même. La pire malédiction qui pèse sur la femme c’est qu’elle est exclue de ces expéditions guerrières ; ce n’est pas en donnant sa vie, c’est en risquant sa vie que l’homme s’élève au-dessus de sa condition animale. C’est pourquoi dans l’humanité la supériorité est accordée non au sexe qui engendre mais à celui qui tue. »
« C’est là le merveilleux espoir que souvent l’homme a mis dans la femme : il espère s’accomplir comme être en possédant charnellement un être, tout en se faisant confirmer dans sa liberté par une liberté docile. »
« Ce n’est pas seulement un plaisir subjectif et éphémère que l’homme cherche dans l’acte sexuel. Il veut conquérir, prendre, posséder ; avoir une femme, c’est la vaincre ; il pénètre en elle comme le soc dans les sillons ; il la fait sienne comme il fait sienne la terre qu’il travaille. »
« L’homme attend de la possession de la femme autre chose que l’assouvissement d’un instinct ; elle est l’objet privilégié à travers lequel il asservit la Nature. »
« Une femme est d’autant plus désirable que la nature y est davantage épanouie et plus rigoureusement asservie »
« Ce qu’il y a de précieux chez la femme c’est que quelque chose en elle échappe indéfiniment à toute étreinte ; ainsi l’homme est maître d’une réalité qui est d’autant plus digne d’être maîtrisée qu’elle le déborde. »
« Etant tout, elle n’est jamais ceci justement qu’elle devrait être ; elle est perpétuelle déception, la déception même de l’existence qui ne réussit jamais à s’atteindre ni à se réconcilier avec la totalité des existants. »