On sublime certains livres parce qu’ils nous ont marqués à une période ou dans des circonstances particulières… Celui-ci fait partie de cette collection intime comme probablement un des premiers de ma vie d’adulte. Je l’avais oublié, mais il me restait une phrase, comme une promesse, énigmatique : « Au bout de ce visage, il y avait le siècle ». Récemment, j’ai retrouvé une édition poche jaunie dans un vide-grenier et j’ai acheté ce trésor pour 50 centimes d’euro…
Je viens donc de relire ce roman de BHL publié il y a 30 ans. L’auteur était déjà le brillant intellectuel évoluant dans le monde politico-médiatique. Aujourd’hui l’impact est moindre, forcément, les passions sociétales et les idéologies ont évolué. La délinquance et l’extrémisme ne sont plus du même acabit. Et pourtant… 600 pages denses redécouvertes sous tension avec une irrésistible attraction. La culture historique indéniable pose un cadre passionnant de 1940 à 1980. Il y a une habileté incroyable à exprimer des regards croisés ou complémentaires sur le personnage central et son parcours. Le regard journalistique couplé au questionnement philosophique permettent de créer une intrigue et des personnages complexes qui ne se comprennent complètement –et encore !- qu’après plusieurs décennies. Et enfin, il y a la séduction et l’érotisme de Benjamin, éternellement attachant et repoussant, brillant et noir, intime et mystérieux.
Alors oui, « Le diable en tête » restera dans ma bibliothèque.