Hostile, la nature
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Les Editions Baconnière poursuivent la réédition en français de l’œuvre du dissident russe Sergueï Dovlatov. Ici, un auteur qui ne parvient pas à être reconnu accepte de devenir guide touristique au domaine Pouchkine.
Est-ce un cliché de dire que les Russes ont un problème avec l’alcool ? A lire Le Domaine Pouchkine de Sergueï Dovlatov, avoir mal à la tête en se levant le matin semble être monnaie commune. On ne compte pas le nombre de fois où les personnages trinquent, boivent, se resservent, se réveillent dans des endroits improbables. Pour leur défense, à Psokv, là où se trouve le domaine Pouchkine, et ce en pleine période Brejnev, la vodka coulant à flot semble effacer tous les problèmes et tout l’ennui.
D’abord publié en 1983 aux Etats-Unis où Dovlatov a émigré, Le Domaine Pouchkine est enfin publié en URSS en 1990, soit… une année avant l’implosion du bloc de l’Est. Ayant travaillé lui-même au domaine en 1976 et 1977, Dovlatov souhaite, dans son court roman, retranscrire les problématiques rencontrées par Pouchkine au cours de sa vie. Le personnage principal, Boris Alikhanov, fait alors face aux problèmes de la création (et surtout de la publication), conjugaux et d’argent.
Le roman s’ouvre par l’arrivée de Boris Alikhanov au domaine Pouchkine. Après quelques entretiens, l’administration conclut qu’il est apte à devenir guide touristique (« nous sommes plus des animateurs que des guides »), un métier qu’il prend au départ en dilettante, avant de se plonger dans l’œuvre de Pouchkine et les commentaires de celle-ci. Au fur et à mesure de ses visites, Boris se perfectionne dans son métier, en venant même à classer les touristes par catégories : « Ceux de Riga sont les mieux élevés. On peut leur raconter n’importe quoi, ils acquiescent en souriant. S’ils demandent des précisions, elles sont d’ordre pratique ». Cette première partie, matinée d’humour, prend fin avec l’arrivée de l’ex-femme de Boris. Celle-ci souhaite émigrer aux Etats-Unis, avec leur fille.
Le Domaine Pouchkine, en un peu plus d’une centaine de pages, nous fait vivre la Russie des années 1980, entre grisaille, alcoolisme et pauvreté. Les personnages secondaires, bien croqués, semblent tous plus détestables les uns que les autres, mais possédant des motivations bien réelles. Le roman est également une déclaration d’amour au génie de Pouchkine, « un poète, un génie qui compatissait au mouvement de la vie dans son entier ».
« Mes journées s’écoulaient de manière monotone. Les visites s’achevaient à deux heures de l’après-midi. Je déjeunais au Rivage Enchanté et je rentrais. Plusieurs fois, Mitrofanov et Potoski m’ont invité à boire. Mais je refusais. Sans trop de difficultés. Je m’abstiens facilement devant le premier verre. C’est aux suivants que je suis incapable de renoncer. Le moteur est bon, mais les freins sont hors d’usage. »
Créée
le 17 août 2022
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