La fantasy à un sommet d'écriture, au service d'une puissante fable politique contemporaine.
Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/03/11/note-de-lecture-le-dragon-griaule-lucius-shepard/
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le 10 nov. 2011
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Voilà, j'ai terminé ce recueil de nouvelles. L'idée de base et grandiose et l'auteur a une belle maestria pour nous décrire de façon vivante les décrépitudes du genre humain. La grande question du libre arbitre sous influence est bien entendu au cœur du récit (où commence l'influence, ou s'arrête la responsabilité personnelle, qui justifie, excuse ou cautionne quoi, dans quelle mesure, etc.).
Les habitants de la vallée attribuaient leur caractère grincheux aux années passées sous son ombre mentale, mais on connaissait d’autres régions dont les peuplades affichaient leur hostilité envers le reste du monde sans pour autant blâmer un dragon ; à les croire, c’était également l’influence de Griaule qui justifiait les raids qu’ils lançaient fréquemment sur leurs voisins, car ils étaient au fond des gens très pacifiques — mais, là encore, cela ne relevait-il pas tout simplement de la nature humaine ?
La base c'est tout bonnement une uchronie noire de premier plan. La forme c'est des récits de longueur moyenne mettant brillamment en scène des habitants torturés plus ou moins proches de Griaule. Mais les récits se cherchent (ou s'égarent) avec un bonheur inégal. Et au final quand j'embrasse l'ensemble je ne vois plus très bien ce qu'est ce Griaule dont l'auteur nous parle tant. Entre l'animal super prédateur, le magicien ourdissant des plans méticuleux sur des siècles, le politicien psychopathe brutal, l'être paralysé s'étant créé magiquement une faune et une flore internes pour pallier à ses manquements physiques, l'être sans compassion ni scrupule et celui qui protège presque ses ouailles, l'être à l'intelligence mirifique mais qu'on perçoit parfois comme incapable de simple raisonnement... il ressemble à un assemblage un peu disparate fait de pièces qui ne s'assemblent pas toujours très bien.
Griaule n'est sans doute qu'un prétexte personnifié pour décrire nos passions, déviances et déchirements humains. Mais j'ai trouvé que ce maître prétexte avait trop varié en substance, sans véritable raison, suivant le récit en cours. Normal me direz-vous peut-être pour un ensemble de nouvelles écrites sur 20 ans. Oui sans doute - mais j'y ai un peu perdu un truc impalpable mais ééééénorme entrevu dès les premières lignes et qui resurgissait parfois de la mer des possibles au gré des récits...
Cela reste une perle de littérature, belle, incroyable et véritablement sans pareil.
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Créée
le 3 nov. 2015
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