Un cri du coeur

Voilà donc le fameux traité du fondement de Mediapart. Dans son livre, Edwy Plenel pose les bases de ses motivations pour apporter aux lecteurs de tous bords une information de qualité.
Jamais vindicatif ni péremptoire, encore moins pédant, il exprime son rejet d'une profession qui s'accroche aux élites, accepte sans compromis les informations repandues de manière totalement démagogique et intéressées.
Il donne quelques piques à cette caste de dirigeants, qui, loin de respecter la libre circulation de l'information, cultive le silence comme light-motiv.
Mais le but de cet ouvrage est de démontrer justement que l'information est le gage de notre démocratie. C'est pour ça que j'ai aimé ce livre. Le point de vue de l'auteur est clairement de se démarquer de tout prosélytisme ou démagogie, appartenance culturelle ou politique, afin de donner au lecteur une information fiable.
Il donne une interprétation (logique ?) personnelle de ce que représente à ses yeux le travail d'un journaliste et la collusion qui existe dans le milieu.

J'ai sourit lorsqu'il parle du soutient de la gauche lors des affaires Karachi ou Bettencourt, puis des cris scandalisés de celle-ci lorsque Mediapart est allé s'interroger sur les fuites fiscales chez HBS et plus particulièrement sur le compte off-shore de Cahuzac.
Il démontre, avec finesse et surtout avec un certain talent d'écriture, que notre démocratie souffre aujourd'hui d'une décrédibilisation galopante, dont la presse est responsable.
Il démontre que les mass-medias qui à force de suivre des intérêts industriels, politiques ou commerciaux perdent toute objectivité, donc toujours plus lecteurs.
Edwy plenel fait un parallèle intéressant entre démocratie et criculation de l'information.
Il met en lumière cette caste politique et financière recluse sur elle-même, entretenant les scandales et les décalages avec ce peuple qui n'est plus infantile. Une tradition Française qui cultive le silence depuis le Directoire, au risque de créer toutes les conditions pour une implosion Révolutionnaire. C'est un peu l'éternel retour en arrière.
J'ai bien aimé également sa vision des choses concernant la recherche d'info justement avec l'avènement de l'internet, qui permet à tous de vérifier l'information, de s'informer et de participer au débat public.
Le journalisme n'est donc plus le seul détenteur de la "vraie" information. Il doit s'adapter, évoluer pour subsister. L'essentiel de la presse étant aujourd'hui détenu par de grands groupes industriels, (Bouygues, Lagardère, Havas) l'information est trop souvent partiale, choisie, intéressée ou tout simplement dénaturée. Il n'y a plus de rapport avec une information brute, authentique. D'où la déconfiture de la presse Française en général et du pouvoir en particulier, qu'il soit financier, industriel ou politique, car selon Edwy Plenel, tout ce petit monde repose sur un socle "démocratique dénaturé" par une information censurée ou restreinte.
J'ai senti une véritable considération du lecteur, et son intégration au sein d'une presse collaborative et indépendante. Autrement dit, c'est un peu ce que j'aime dans sens critique, le côté professionnel en plus.

Pour finir, je dirais que là où un Serge Halimi est très piquant, (Dans les nouveaux Chiens de Garde) en démontant et en décortiquant l'actualité, Edwy Plenel se veut plutôt pédagogue et rassembleur. Il nous invite à nous laisser nous émouvoir, à être choqué, à ne pas adhérer, mais aussi pourquoi pas à aimer sa vision de la presse indépendante. Il ne cherche pas à montrer du doigt, mais bien à expliquer une vision du journalisme, sans ambiguïté.
Et je dois dire que rétrospectivement, c'est bien pour ça que j'aime lire un article de Mediapart. Je n'aime pas toujours, mais j'aime à chaque fois la neutralité et la qualité des articles.