Roman qui parut en 1930, fut traduit en français en 1936 et dont le titre changea quelques années plus tard en le célébrissime Le faucon maltais (le titre original est The Maltese falcon). Passé à la postérité en 1941 grâce au film de John Huston avec Humphrey Bogart en Sam Spade. Malgré cela, je ne l'avais pas lu et le film est très lointain dans ma mémoire.
Le faucon de Malte est le troisième roman des six qu'écrira Dashiell Hammett après avoir publié pas mal de nouvelles. C'est lui qui révolutionna le genre policier. Il n'y a plus ni bien ni mal, Sam Spade est un détective qui cherche certes la vérité, mais peut s'en arranger si ça l'avantage. Grand buveur, bagarreur, dragueur, il n'hésite pas à se servir des autres pour parvenir à ses fins. C'est aussi l'apparition des femmes qui ne se cachent pas, entre femme-enfant et vamp, Effie Perine, la secrétaire de Sam est ainsi décrite : "La jeune fille, bronzée, grande -une fausse maigre, portait une robe de lainage mince qui moulait ses formes comme un drap mouillé. Ses yeux bruns riaient dans un visage enfantin."
Régulièrement classé dans les polars marquants, je vais -une fois n'est pas coutume- dans le sens commun. Court, rapide, incisif dans les dialogues, noir, tout est excellent. Personne n'est tout noir tout blanc sauf peut-être Effie Perine. On s'attend à tout moment à un bouleversement. Les personnages sont brièvement décrits, le reste, il faut le chercher entre les lignes, dans les réparties et c'est assez aisé. Pour l'intrigue, Dashiell Hammett distille des indices sans les expliquer, ça intrigue, évidemment. Les explications suivent quelques pages plus loin et tout s'emboîte parfaitement, jusqu'à la fin.
Ce roman mythique débute ainsi révélant d'emblée l'ambivalence du personnage principal : "Sam Spade avait la mâchoire inférieure lourde et osseuse. Son menton saillait, en V, sous le V mobile de la bouche. Ses narines se relevaient en un autre V plus petit. Seuls, ses yeux gris jaune coupaient le visage d'une ligne horizontale. Le motif en V reparaissait avec les sourcils épais partant de deux rides jumelles à la racine du nez aquilin, et les cheveux châtain très pâle, en pointe sur le front dégarni, découvrant les tempes. L'ensemble du visage faisait penser au masque sardonique d'un Satan blond."