Un essai apparemment boudé par les membres de Babélio qui devraient pourtant être intéressés par son sujet. Je dois reconnaître que la lecture, accessible, instructive et même passionnante jusqu'aux deux tiers de l'ouvrage, m'est apparue ensuite des plus hermétiques, à croire que ces deux parties n'émanaient pas de la même plume.
On entre d'emblée dans le vif du sujet avec les éditions Gallimard qui annoncent en 2021 que jusqu'à nouvel ordre elles se refuseront à lire tout manuscrit qui leur parviendrait ! On apprend ensuite que seulement 1% des manuscrits reçus par les éditeurs serait publié sous forme de livres, que le nombre d'exemplaires vendus par livre a diminué d'un tiers en dix ans, que 25% des publications finissaient au pilon et qu'en matière de surproduction livresque nous n'avions pas affaire à un phénomène vraiment nouveau puisque Zola lui-même avait été amené à s'en plaindre ! Fourmillant d'informations qu'il serait fastidieux d'énumérer, l'ouvrage déplore que les lecteurs soient de plus en plus guidés dans leurs achats et qu'on en vienne à lire surtout ce qui se vend et non ce qui fait débat, selon les mots de Virginie Despentes, les oeuvres les plus novatrices ne trouvant alors aucun écho. Le sous-titre, "La littérature, nouveau produit du capitalisme" est parfaitement illustré par l'anecdote de la malle Vuitton en 2013, avec l'édition d'un recueil de nouvelles ayant chacune trait à la fameuse malle et écrites par des écrivains de tout premier plan, parmi lesquels Virginie Despentes qu'on n'aurait jamais soupçonnée d'entretenir de tels liens avec LVMH ! A n'en pas douter un ouvrage référence mais qui aurait gagné à être plus facile d'accès.