"J'ai manqué être un gigolo. J'ai manqué être un débauché. Un ami parlait de mon génie ; il est mort
Difficile de lire Le feu follet sans que sur le visage d'Alain, ne viennent se superposer ceux de Jacques Rigaut et Maurice Ronet. Difficile de ne pas prêter des intentions à l'auteur, tant ce dernier ressemble à Dubourg.
Alors quoi ? Hommage ? Portrait ? Procès ?
Hommage, certes, puisque L'Adieu à Gonzague, qui sert pourtant de conclusion au livre, a été rédigé avant Le feu follet. Drieu avait encore des choses à dire sur Rigaut.
Procès également, car l'auteur raconte un homme médiocre. Drieu dit ce que Rigaut n'a fait qu'effleurer, l'écriture : "Il relut quelques pages qui partaient, qui hésitaient, qui se perdaient. Il aperçut les points de défaillance ; et un peu de ce qui demandait à s'ajouter à ce maigre texte et, incorporé à lui, à vivre, tressaillit.". Dubourg dit ce que n'a jamais été Alain, un écrivain : "Je te connais au moins quatre désirs distincts : les femmes, l'argent, l'amitié et puis...non, ça ne fait que trois."
Pourtant, je ne peux m'empêcher de sentir dans les mots de ce livre, une certaine admiration teintée d'envie. Quelque chose qui ressemblerait à de la jalousie de la part de Drieu, à l'égard de son ami. Rigaut portait en lui ce mal-être existentiel, comme on porte un costume fait sur mesure. Une perfection du néant que certains ont pu atteindre, tel Aragon avec son Aurélien.
Mais, tout cela n'est fondé sur rien, si ce n'est mon penchant immodéré pour les Écrits de Jacquot, ou bien pour celui qui me l'a fait découvrir. Je ne sais pas.
Quoiqu'il en soit, Drieu comme Rigaut s'entendront sur un point : "Fin, c'est le mot sur lequel se terminent avec une unanimité inégalée les auteurs."*.
(*Jacques Rigaut - Écrits)