Alain poursuit une énième cure de désintoxication en clinique de repos. Il sait qu'il se redroguera dès sa sortie, il sait qu'il va inéluctablement mettre fin à ses jours. S'ensuit une déambulation existentielle d'un proche à l'autre, dans le Paris bourgeois, mondain et toxico. Alain tente de se repentir mais échoue, face à l'incompréhension successive de ses amis.
On assiste dans le Feu follet à une lente marche vers la Mort, de décorticage minutieux de l'état d'esprit d'Alain, aux longues conversations fumeuses d'amis égocentriques, effrayés par la perte qu'ils vont subir.
Le Feu follet raconte la solitude du presque mort, que personne n'entend, ou plutôt que personne ne veut entendre :
" - Vous ne m’avez pas l’air pourtant aussi angoissé qu’il y a quelques jours. Avez-vous encore de ces angoisses ?
- Je n’ai pas des angoisses, je suis dans une angoisse perpétuelle.
- Si vous tenez bon encore quelque temps, peu à peu cela va se desserrer."
Comment être secourable à quelqu'un qui "porte son suicide en bandoulière" ?
Dommage que les dialogues soient parfois fumistes et inutilement nébuleux, car le personnage d'Alain est impeccablement incarné, le fait que Drieu La Rochelle s'inspire de la courte vie de Jacques Rigaut n'y est pas pour rien...
Quand à l'Adieu à Gonzague, retrouvé dans les archives de Drieu La Rochelle après sa mort (par suicide...), c'est une oraison funèbre crue et poignante sur l'ami disparu, entre fatalisme et mélancolie... Un texte honnête et qui romance à peine la relation des deux amis, un très bel hommage.