Cachez ce sexe que je ne saurais voir

Aurore a 16 ans et vient d’avoir un violent accident de vélo...Suite au traumatisme crânien, elle n’a plus d’odorat et de goût...Alors qu’elle en est à ses premières découvertes sexuelles, elle se demande comment gérer ce handicap invisible... Ce roman est à mettre entre toutes les mains des jeunes filles et garçons !! Ce roman ne peut pas se réduire à son caractère erotique même si les scènes de plaisir sexuel sont très bien écrites et que tout y est beaucoup plus réaliste que ce qu’on peut malheureusement lire parfois en littérature ado !
Le roman aborde, sans clichés ni tabous, le clitoris, le plaisir féminin, la fellation, le cunnilingus bref tout est passé en revue mais sans aucune vulgarité !
Comme je le disais plus haut, ce roman ne peut pas être résumé à sa dimension érotique car c’est un formidable roman féministe qui évoque le consentement, les rapports de domination,le poids des apparences dans la société, l’homosexualité ! Comment ne pas subir la pression des réseaux sociaux ou des magazines ? Comment prendre conscience de son propre ressenti sans se dicter ce que l’on doit ressentir selon la société ?
Pour finir, ce roman est aussi une belle leçon d’amitié avec la célèbre Bintou !!! Vive Bintou !!! Toutes les jeunes filles devraient rencontrer un Valentin !! Bref gros coup de cœur pour ce roman qui est un peu le pendant féminin de la série À la place du cœur d'Arnaud Cathrine !

Camille

Le goût du baiser est le premier roman de la collection l’ardeur de l’éditeur Thierry Magnier. Le mantra de cette collection est de « sortir des schémas et des corps stéréotypés véhiculés par la romance ou le porno gratuit ».
L’éditeur jeunesse a créé cette collection pour parler de corps, de sexualité et de sensualité. Il était vraiment temps qu’un éditeur s’empare de ces problématiques qui sont très peu traitées en littérature ado. Effectivement il était temps de s’en rendre compte : oui les jeunes pensent à la sexualité. Waouh quel scoop !
C’est le temps des premiers rapports sexuels (je n’aime pas cette expression, çà fait un peu rapport de stage), c’est le temps des corps qui se métamorphosent, des émotions exacerbées, et des hormones en ébullition. Une période de découverte, donc qui est tabou pour pas mal de personnes. Quand on a 16 ans aujourd’hui, comment s’informer sur la sexualité, sans tomber sur des films porno ou le sexe n’est que mécanique et performance. Il fallait avoir du courage en temps qu’éditeur pour s’emparer de ce sujet délicat et complexe. Bravo donc à Monsieur Thierry Magnier et à son équipe d’avoir eu cette audace.
Les premiers émois
Le goût du baiser met en scène Aurore, jeune ado de 16 ans, qui s’interroge sur sa sexualité. Elle a découvert son corps en se masturbant mais garde cela secret. Le roman débute sur son accident de vélo, qui provoque la perte du goût et de l’odorat de la lycéenne. Elle nous raconte ses premières expériences sexuelles, ses premiers émois, « les tétons qui pointent, la chaleur du sexe, le sexe masculin gonflé de désir »
Antoine, le beau gosse du lycée va lui montrer de l’intérêt. Aurore, flattée, se rend à la fête qu’il organise. Elle boit un peu trop et se retrouve piégée dans sa chambre. Cette mauvaise expérience, avec ce pov’ mec (éjaculateur précoce), va déclencher en elle, une incompréhension et une espèce de violence. Elle l’apprivoisera en se lançant dans des entraînements de boxe.
Elle se confiera à son amie Bintou (jeune ronde, black et lesbienne, féministe et brillante) qui lui ouvrira les yeux et lui fera part de ses propres difficultés amoureuses.
Et si ça faisait du bien de désacraliser le sexe
Alors ok faut pas être prude, mais ça fait un bien fou de lire ces mots, ces émotions et les frissons provoqués par la sensualité, l’excitation, et le désir. Tout est mentionné de manière très franche, honnête et directe. J’ai été conquise par cette écriture belle et naturelle, ce roman se lit, se dévore très rapidement. On s’attache à ce personnage, complexe, un peu paumée, blessée, fragile mais battante. La sexualité n’est vraiment pas un prétexte, elle sert véritablement la narration. Qu’est ce que j’aurai aimé lire ce genre de roman quand j’avais 16 ans.
Bref, à offrir à tous les jeunes et moins jeunes de votre entourage pour les fêtes de Noël, ça lancera peut-être un débat autour de la dinde.
Pour aller plus loin, les 2 excellents podcasts : Un podcast à soi (Arte Radio), et les couilles sur la table (Binge)
Thématiques abordées : sexualité, adolescence

Julie