Le relativisme à la Pratchett
Le grand livre des gnomes est l'histoire d'un périple, celui d'un peuple haut de 10 centimètres perdu dans le monde des Humains et qui se cherche un foyer. Ce périple est l'occasion pour le lecteur de redécouvrir le monde qu'il connaît bien à travers les yeux des gnomes, et le résultat est un régale.
Tout l'humour vient de l'impossibilité pour les gnomes de comprendre le monde qui les entoure. Le grand magasin dans lequel ils vivent au début de l'oeuvre est le monde, le dehors n'existe pas. Ce petit monde fonctionne dans le seul but de permettre aux gnomes de vivre confortablement. Les fondateurs du Grand magasin (Arnold Frères (fond 1905)) sont élevés au rang de divinité, et les pancartes du magasin marquent soit le passage des saisons (Ce n'est pas l'hiver mais "Fêtons Noêl") soit sont vus comme des commandements divin (Tout doit disparaître!!)
Terry Pratchett voit le monde à travers un regard d'enfant (ou de gnome) et s'amuse de ce qu'il voit. Il critique la société de consommation, les croyances, les superstitions, les institutions, les arrivistes, le conformisme ou encore la banalité du quotidien mais toujours avec le sourire. La condescendance ne fait pas partie de son vocabulaire et son regard demeure bienveillant. Le jeu de mot est omniprésent dans son oeuvre et les phrases toutes faites du quotidien sont constamment sujettes à détournement.
Le grand livre des gnomes est le parfait départ pour commencer à lire du Pratchett, en particulier pour les lecteurs peu adepte de la fantasy. On y retrouve l'oeil critique mais taquin de l'auteur sans la parodie d'heroic fantasy omniprésente dans les annales du disque monde qui pourrait rebuter quelques lecteurs. Plus qu'un simple livre de fantasy, le grand livre est un roman/conte d'une grande profondeur qui ravira surtout les plus grands.
PS: La traduction française est de grande qualité, du même ordre que la traduction anglaise des Asterix. Si les jeux de mots diffèrent, l'esprit demeure.