Le Grand Nord-Ouest est un récit enchâssé dans un récit enchâssé. Ainsi Jessie enfant, raconte par la voix de Jessie plus vieille à Bud ce qu'a été sa vie d'aventurière malgré elle pendant un an, complexe n'est-ce pas ? Cependant là n'est pas la complexité du récit. Au contraire on peut louer la volonté de l'autrice de tenter de recomposer une voix enfantine dans une voie mâture qui sera elle-même traduite par une voix masculine. On peut voir dans cette tentative une volonté de donner vie aux récits qui peuplent les voix de l'enfance et surtout qui peuple les cultures orales. Car ce récit est surtout le récit des peuples indo-américains oppressés par les Blancs et de leur volonté d'aller toujours plus loin dans l'ostracisme face à ces occidentaux qui veulent les déposséder de tout ce qui les constitue, de leur terre jusqu'à leur culture.
Mais cela ne prend pas. Malgré des fulgurances littéraires, la plupart du temps la prose est morose, elle manque de rythme, les actions deviennent affreusement banales, on se ressent pas de voix enfantine... Les phrases semblent toutes pareilles : des phrases à rallonge avec de multiples virgules tout en donnant de nombreuses références historiques pour montrer que nous avons lu toutes les archives nécessaires à l'écriture de notre travail. NON. Il aurait été intéressant que l'autrice cherche à vouloir retranscrire la forme du récit oral en donnant vie à son roman.
Seules les 30 dernières pages sont très belles et semblent vouloir recréer un lien entre les différents moments du roman, mais peut-être un peu tard. En faisant un roman sur un voyage, il aurait peut-être été heureux que le chemin compte et non uniquement l'arrivée.