Par rapport au premier volume de la saga, dont il est la suite directe, il y a cette fois un fil rouge, un but, pourrait-on dire, à tout ce fatra magi-comique. Ce dernier n'est pas bien original puisqu'il faut, une fois encore, sauver le monde (mais un monde plat, remarque, c'est déjà moins commun). Comme, après tout, ces deux premiers volumes sont une parodie de la fantasy en général, l'idée d'utiliser un tel cliché n'est pas forcément mauvaise, surtout que Rincevent et Deuxfleurs continuent de foutre le bordel un peu partout, au hasard de leurs pérégrinations. Et le monde présenté nous apparait encore plus loufoque et plus imaginatif que pour le premier tome.
Si l'on ajoute à cela des personnages principaux dont la psychologie évolue un peu (un peu, hein, on reste devant de bonnes grosses caricatures) et des méta-références toujours aussi savoureuses, Le Huitième Sortilège confirme tout le bien que je pense de cet univers littéraire qui n'en est pourtant qu'à ses débuts. Si comme moi, vous n'êtes pas spécialement portés à vous taper sur les cuisses en lisant un bouquin, vous pourriez être bien surpris avec l'oeuvre de Pratchett, qui conviendra même sans doute au public non-geek.
Facile à lire mais pas simpliste, jonglant avec différents niveaux d'humour, brillant, intelligent, le Disque-monde manque juste encore d'un peu plus de contrôle dans sa structure narrative. Ce qu'il ne tardera guère à acquérir...