Encor(éen) matin...
Pauvre Ogui! Non seulement sa femme vient de mourir dans un accident de voiture, mais il est paralysé et défiguré. Sa vieille belle-mère est plus que jamais la seule famille qu'il lui reste. Il se...
le 22 janv. 2020
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흘 de Pyun Hye-Young
Paralysé après un accident de voiture ayant causé la mort de sa femme, Ogui est cloitré chez lui sous la tutelle d'une belle-mère étrange. Cette veuve respectable le néglige peu à peu, le laissant seul affronter sa convalescence, et s'obstine à creuser un immense trou dans le jardin entretenu autrefois par sa fille. Afin dit-elle de terminer ce qu'elle a commencé.
"Le monde continuera à tourner comme si de rien n'était et se moquera complètement de son absence."
Ogui était un homme ambitieux, celui qui travaille beaucoup pour réussir et qui réussit. Marié à son total opposé, une femme qui tente mille chose sans jamais y parvenir et puis, qui laisse tomber, à chaque fois. Pourtant il l'aime cette femme, il aime sa résilience et sa façon d'aborder les difficultés sans se prendre la tête inutilement. Vraiment ?
Il se réveille sur un lit d'hôpital après un long coma, sa femme est décédée, il est complètement paralysé. Seule lui reste la capacité de cligner d'un oeil, un pour oui, deux pour non, afin de communiquer. A ses côtés, sa belle-mère, la seule famille qui lui reste. Mère éplorée qui passe son temps à pleurer en lui tenant affectueusement la main. Vraiment ?
"Quel dommage de ne pas pouvoir partager sa peine avec sa parente. Il aimerait s'excuser d'être encore en vie alors que sa femme ne l'est plus"
Après de long mois en rééducation à l'hôpital, Ogui est autorisé à rentrer chez lui sous la tutelle de sa belle-mère. Et c'est à partir de ce moment là que l'auteure referme le piège sur nous. C'est un roman introspectif, dans les pensées agitées, perplexe, étonnées, hurlantes de l'infirme. On sent dans le récit toute la frustration imposée par son infirmité. C'est un huis clos à l'intérieur de son esprit. On est prisonnier dans la tête d'Ogui lui-même prisonnier de son corps. Petit à petit au fil de ses réflexions et de ses sursauts de mémoire, on découvre sa vraie personnalité, sa véritable relation avec son épouse, avec sa belle-mère, avec les autres. Un toile se tisse et au même titre que les plantes grimpantes envahissent la seule fenêtre de la chambre d'Ogui lui occultant le monde extérieur, on se retrouve pris dans une spirale où l'on ne sait plus pour qui compatir. Lhomme finalement aurait-il mérité cette vengeance ? A grand renfort de détails subtils et vague, on se prend à douter, toute l'ambiguïté résidant dans le fait que nous n'avons qu'un seul point de vue. Alors, on s'enfonce avec lui dans sa prison. On voit, on entend, on comprend mais dans état de vulnérabilité implacable. On ne peut rien faire et Ogui non plus.
«Chaque être humain est voué à être marqué de tels trous : voilà peut-être à quoi ressemblent nos paysages intérieurs.»
J'aime beaucoup cette métamorphose du trou décrite par l'auteure, (c'est d'ailleurs le vrai titre en coréen) comme autant de fractures en nous qui peuvent obscurcir notre propre vision dans notre relation aux autres. C'est dans les mensonges qu'on creuse notre mauvais destin. Dans ce roman, Ogui fait le point avec des mots glaçants, détachés, presque indifférents parfois, comme un constat clinique de sa propre vie.
C'est un roman troublant, psychologique, inhabituel. Il est lent au même rythme que les progrès physiques d'Ogui. Malaisant parfois car fait de maltraitance subies au quotidien. Mais il est une belle analyse du couple, de ses silences, de ses concessions qui amènent à l'inéluctable et à la trahison.
Créée
le 9 mai 2023
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