Un récit passionnant, découpé en cinq parties, qui nous raconte l’arrivée au pouvoir de la dame de fer jusqu’à la fin de son mandat. On y entendra notamment des témoignages de personnes qui ont travaillé aux côtés de Thatcher (Kenneth Clarke) mais également des opposants politiques (Neil Kinnock), des Irlandais, des anciens mineurs, des membres de son gouvernement mais aussi les écrivains David Lodge et Jonathan Coe.
À travers la parole de ces témoins d’une époque bien sombre pour l’Angleterre, on revit ces années 80, quand s’est concrétisé le passage d’un capitalisme industriel à un capitalisme financier, où l’argent est devenu roi, où les marchés ont dicté la conduite du Monde, où des termes comme rendement et management sont devenus les maîtres mots d’un monde de l’entreprise de plus en plus déshumanisé.
Au fil des pages, se dessine le portrait peu flatteur d’une femme sans aucun état d’âme, bien assise sur ses certitudes, qui n’a jamais dérogé à ses principes et à ses objectifs et qui a fait tant victimes collatérales durant deux décennies. On pense notamment au poète Irlandais Bobby Sands mort après une grève de la faim et à tous ces indépendantistes qui se sont battus face a la répression policière orchestrée par Thatcher et son gouvernement dans les années 80.
Le livre revient également sur la guerre des Malouines, sur la terrible grève des mineurs en 1984 et plus généralement sur la politique sociale de Thatcher ou encore sur ses relations avec les dirigeants de l’époque mais aussi sur la crainte quelle pouvait avoir d’être assassinée après avoir réchappé de l’attentat de Brighton en 1984.
Un livres instructif, assez saisissant par moment, dans lequel Judith Perrignon parvient à décortiquer, à expliquer avec beaucoup d’à-propos la philosophie de l’ex-premier ministre britannique, retraçant au fil des chapitres le parcours d’une femme dont l’image reste aujourd’hui encore entachée par des choix bien peu glorieux. Une femme dont la vie semblait tourner uniquement autour de la politique et qui fut contrainte bien malgré elle de quitter le pouvoir, poussée dehors par les propres membres de son camp politique.
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