J'ai un goût très modéré (aucun goût pour dire les choses honnêtement ) pour les livres dont le sujet est l'auteur lui-même.
Mais Linhart est un nom qui sonne tellement positivement chez moi (entre Robert et Danièle dont les écrits respectifs sont des trésors pour tout sociologue du travail) que malgré le risque qu'à travers l'histoire De Robert je lise aussi, voire plus encore celle de Virginie, je me suis lancé.
J'en sors (mais est-ce une surprise ?) un peu déçu ; et notamment parce que le titre est un peu trompeur. Malgré quelques passages intéressants, mais trop rapides (et qui donnent envie de vite fermer le livre pour aller voir ce que Patrick Rotman et Hervé Hamon en disent dans Générations), j'ai trouvé beaucoup de redites, sur des points qui plus est qui ne font que renvoyer au mal-être persistant et mal compris de Virginie. J'ai, aussi, peu apprécié cette forme d'impudeur qui s'exprime régulièrement (et qui me fait précisément redouter ce type d'ouvrage) : si je ne doute pas qu'elle puisse avoir une vertu thérapeutique, je ne suis pas certain que les révélations publiques sur la sexualité débridée des uns et des autres, pire encore, les états psychiques de ses proches, soient légitimes : la transparence (si telle pouvait être la justification) : très peu pour moi. Un huis clos autour d'un canapé me semble bien plus digne.
Plus encore, j'ai cru voir dans ce récit une belle occasion de disserter sur l'opposition classique (depuis que Benjamin Constant l'a formulé ainsi) entre la liberté des anciens et celle des modernes, entre ces deux générations, les soixante-huitards et leurs enfants, abordant de manière plus analytique le rapport à la politique, au temps privé et à ce qu'on en fait, à l'éducation, etc. Un beau et vrai sujet de sociologie politique que Virginie Linhart avait amplement les moyens d'exploiter. Dommage (pour moi).