Le K est un recueil d’une cinquantaine de nouvelles écrites par l’écrivain italien Dino Buzzati. La première de ces nouvelles intitulé Le K, est certainement la plus connue. Toutes les nouvelles du livre sont courtes, excepté la dernière, Voyage aux enfers du siècle, qui s’étale sur une soixantaine de pages.
L’impuissance de l’homme face au temps qui passe est un thème qui revient souvent au cours de la lecture de ce recueil. Ressemblant à des chroniques, réalistes ou fantastiques, de la vie quotidienne, l’auteur n’hésite pas à tacler les travers de notre société, comme par exemple l’intolérance avec l’excellente nouvelle Chasseurs de vieux, ou tout simplement en créant l’enfer à l’image d’une grande ville italienne, Milan, où l’individualisme, la violence et l’immoralité semblent y régner.
Ce qui est plaisant dans la lecture d’histoires aussi courtes, c’est l’aspect hétéroclite de l’ensemble. Certaines histoires vous plairont, d’autres seront oubliées une fois terminées et d’autres encore vous toucheront profondément. Certaines vous feront rire, d’autres parviendront à vous faire peur et quelques-unes vous feront réfléchir. Chaque lecteur aura sa petite histoire préférée.
L’écriture de Buzzati est limpide, sans fioritures. Ce style n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait que l’écrivain est avant tout un journaliste qui travailla une quarantaine d’années au sein du Corriere della sera et habitué à écrire des histoires et articles avec un nombre de caractères limité. La simplicité de son style et de ses récits, lui sera d’ailleurs souvent reprochée par le gratin littéraire italien qui ne voyait en lui qu’un gratte-papier d’origine bourgeoise ne prenant que rarement position dans les débats de son époque. Peut-être était-ce tout simplement une revanche sur celui qui méprisait ouvertement l’obscurantisme des "intellectuels".
La dimension onirique de certaines nouvelles est très forte. Se plaçant dans le rôle du héros, l’écrivain semble se confier au lecteur à travers ces quelques nouvelles où il se projette. Le Voyage aux enfers du siècle, par exemple, retrace les péripéties journalistiques de Buzzati, qui est envoyé par la direction de son journal enquêter sur une histoire de porte des enfers découverte dans les égouts de Milan.
J’en profite au passage pour faire un petit conseil de lecture à ceux qui auront apprécié Le K. Procurez-vous le recueil Contes et Récits d’ Oscar Wilde. Vous ne serez pas déçus. Quant à ceux qui n’ont pas lu l’œuvre de Buzzati, vous y retrouverez certainement la perle rare, cette nouvelle qui parlera à votre âme.