C'est le premier roman de Sagan que je lis. Après en avoir collecté dans je ne sais combien de boîtes à livres, j'ai enfin sauté le pas.

Un constat d'abord, ça se lit très facilement. Je l'ai lu en un peu plus d'une journée. Deuxième constat, c'est le type d'écriture qui ne laisse rien dans l'ombre, et pour une raison très simple : quand on veut décrire la superficialité, il faut être très factuel.

On suit donc cet attelage pas si improbable entre Béatrice Valmont, une actrice connue, dotée d'un tempérament entier, voire téméraire et futile, et Edouard Maligrasse, un jeune auteur de pièces de théâtre.

Tout le roman repose sur une guerre permanente au sein du couple, avec ce danger que derrière l'amour-passion, l'un des deux prenne l'ascendant. Et chacun a des armes : Béatrice est une femme belle, envoûtante, à qui l'on passe tout, pas du tout intellectuelle ; Edouard est assez renfermé et jaloux mais il cache des ressources insoupçonnées, en tant qu'auteur mais aussi en tant qu'amant.

C'est un roman très parisien : mis à part l'épisode du séjour d'Edouard à New York, lorsque sa pièce perce jusqu'à être montée à Broadway, l'essentiel se passe à Paris, dans la chambre aux murs bleu où se trouve le fameux lit défait du titre, mais aussi dans les théâtres, cinémas, brasseries, restaurants, studios ou lieux de prise en extérieur, bref dans tous les lieux qui font le quotidien d'une actrice en vogue.

Ce qui est vraiment réussi, c'est cette analyse au microscope des réactions de chacun au quotidien, ces ruses de chacun pour être désiré, en utilisant notamment l'entourage.

Au fil du roman chacun évolue : Béatrice va s'avouer qu'elle aime Edouard, puis comprendre qu'il est un grand auteur. Edouard va s'affirmer face à son moteur initial, qui est cette peur d'être à nouveau éconduit par Béatrice, comme elle l'avait fait cinq ans plus tôt.

Il y a ce personnage de Jolyet, ancien amant de Béatrice et brillant auteur de théâtre en train de mourir d'un cancer. Il semble tout comprendre, tout savoir, et délivre des leçons sur la vie, mais aussi sur le métier d'écrivain (car il est beaucoup question d'écriture à travers le personnage d'Edouard).

Bon, il y a quelques scènes un peu cliché, comme Edouard regardant par les jumelles un yacht sur lequel il voit Béatrice se donner à un jeune Adonis, ça fait un peu facile je trouve. Mais globalement les notations psychologiques sur l'économie de la vanité et de l'amour de chacun sont vraiment bien amenées.

A noter qu'il y a peu de scènes de sexe, elles ne sont pas décrites en détail ("elle lui fit l'amour comme si.."). Ce qui compte derrière, c'est l'intention, la psychologie.

C'est donc un bon roman psychologique, un peu comme les Liaisons dangereuses, mais qui se finiraient bien et dans le milieu parisien des années 1960. Pas de la grande littérature mais efficace. J'en lirai d'autres.

zardoz6704
7
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le 14 août 2024

Modifiée

le 18 août 2024

Critique lue 35 fois

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