Certes Le livre de Joe est agréable (et facile!) à lire. Il n'est pas bien compliqué d'entrer dans le monde désoeuvré de son protagoniste, auteur new-yorkais à succès roulant en Mercedes et vivant dans un appartement de standing en face de Central Park, loin - très loin - de son bled d'origine Bush Falls dont la critique acerbe sous forme de fiction lui a ouvert les portes de la gloire tout en le condamnant définitivement au bannissement dans sa première communauté. Les premières pages sont légères, drôles et cyniques, et c'est bien la raison pour laquelle ce bouquin a immédiatement obtenu ma confiance et accroché ma curiosité. Malheureusement ce ne fut qu'une affaire de démarrage...


Je ne suis pas un grand fan des romans introspectifs sous couvert d'une morale attendue. Question de goût qui n'engage que moi. Cependant la bonne idée du départ, la confrontation au passé qui se voulait brûlante, m'a semblé malheureusement mal exploitée, la faute aux trop nombreuses facilités d'écriture et aux exigences classiques de ces best-sellers attendus (personnages stéréotypés, sexe et happy ending). Le roman se lit facilement comme on regarde une série B, le soir sur Netflix, faute de mieux. Jamais l'auteur ne semble prendre le risque de la mise en danger littéraire, de tenter l'aventure sur des sentiers non balisés, l'histoire coule doucement (sur 400 pages tout de même!) sans prendre la peine de surprendre voire de sortir le lecteur de sa zone de confort. Tout est attendu et prévisible, les personnages principaux ont les traits typiques de la fiction populaire américaine, la quête psychologique de Joe ne semble faire écho qu'à des sentiments faciles et des fantasmes pleins de bon-sens adolescent. Le thème secondaire de l'ouvrage


(l'homosexualité)


aurait pu être l'objet d'une initiative pleine d'audace - peut-être l'ébauche d'une vraie réflexion de fond - si elle n'était pas tombée, comme une grande partie des sous-thèmes du récit, dans le piège classique des lieux communs qui ne surprennent plus grand monde et qui n'enseignent plus rien.


Dans sa lutte nostalgique contre les démons de son passé, Joe Goffman m'a ramené à la nostalgie de mes lectures d'adolescent. Ce n'était pas déplaisant mais ce n'était pas ce que je recherchais. Mais là encore, c'est une question de goût.

BenoitBarbibul
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le 12 avr. 2018

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Benoit Barbibul

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