[Attention, spoilers]
Après la grosse déception que fut Le Cimetière Du Diable, c'est sans trop d'espoirs que je commençais à lire ce dernier tome des aventures du Bourbon Kid.
Il y avait de quoi avoir peur : le génie du premier tome reposait sur l'effet de surprise; le second était rondement mené en nous dévoilant peu à peu le personnage du Bourbon Kid, que l'on ne connaissait alors que comme un tueur sans merci. Quant au troisième, il perdait sa saveur en plaçant comme héros des personnages increvables. Le Kid était au meilleur de sa forme, Sanchez et Elvis apparaissent dans la suite des aventures... ils ne pouvaient donc pas mourir.
Ce quatrième tome m'inquiétait donc un peu : au vu de la fin du second, on se devait forcément de suivre de près le Kid et Beth, ainsi que Dante et Kacy en parallèle. J'avais un peu peur de retomber dans le schéma du tome trois, où les héros sont juste increvables.
Mais ce ne fut pas le cas. Le Kid a perdu une bonne partie de ses pouvoirs et se retrouve aussi faible que n'importe quel bad guy de Santa Mondeg ; enfin, disons, tout juste un peu plus fort que n'importe lequel de ces bad guy.
Dante et Kacy ont beau être des vampires, ils ne sont pas devenus surpuissants pour autant.
Et la petite Beth est bien désemparée lorsqu'elle apprend qui est son petit copain.
Ajoutons à cela un Sanchez qui s'engage dans la police et qui séduit étrangement la jolie Flake... et on obtient un petit renouvellement, pas bien incroyable, certes, mais suffisamment pour nous tenir en haleine au fil des pages.
Car c'est un réel plaisir de retrouver ces personnages et Santa Mondega. Un réel plaisir aussi de voir le Bourbon Kid revenir à la vie en passant au Cimetière Du Diable. Un réel plaisir teinté d'étonnement en découvrant que Sanchez (je me demandais quand Anonyme ferait enfin le jeu de mot "Inspecteur Garcia") prend peu à peu une figure un peu plus héroïque. Et un putain de plaisir de voir que l'humour noir d'Anonyme a passé une étape. On rit franchement à certaines répliques. Les stupidités de Sanchez, qui commençaient à devenir redondantes, font place à des dialogues mieux sentis.
Et (est-il besoin de le préciser ?) les scènes de bastonnades ont toujours autant de classe (bien qu'elles n'égaleront pas le premier opus, indétrônable à mes yeux).
J'ai surtout aimé la fin, donnant enfin au Bourbon Kid un visage plus compréhensible. Le bougre, toujours aussi absurdement violent, passe de l'assassin au héros tueur de vampires. C'est une bonne façon de finir cette série : ce ne pouvait être un happy end pour lui, cela aurait cassé tout le charme du personnage, il devait rester sur la route, rester ce sauvage sanguinaire. Mais il semble également abandonner l'idée de tuer tout ce qui bouge pour se concentrer sur les créatures du mal.
...Du moins, officiellement.