Le livre de Yaak par Diothyme
C'est en 1987 que Rick Bass et sa femme décident de quitter le Mississipi pour aller s'installer dans la campagne pour se consacrer à leurs passions respectives. Sa femme à la peinture et lui quitte la géologie pour l'écriture. Ils tombent instantanément amoureux de l'endroit. La vallée est très peu peuplée, quelques tanneurs, un magasin qui comporte le strict nécessaire, un téléphone, deux bars, des guides de chasse et pêche.Pendant les premiers temps de leur vie montagnarde, ils goûtent une vie heureuse en contemplant la nature. Mais peu à peu, les coupes à blanc se font de plus en plus fréquentes, poussant les hardes de cerf à se regrouper, et les incendies de forêt se propagent. Rick et son épouse se sont bien installés ont eu une grande fille et un bébé. Ils se sensibilisent à ce lieu, l'un des plus sauvages des Etats-Unis, où l'on trouve encore des caribous, des ombles à tête-plate, des grizzlys et des ours noirs... Une loi est proposée au Congrès mais les lobbys industriels rétorquent que cela impliquerait trop de chômage dans les scieries des alentours. Il nous fait découvrir les croyances presque chamaniques de ces lieux, comme les coyotes porte-bonheur, ou les marches dans la forêt pour guérir ses amis. Les habitants du Yaak eux aussi ont leurs chapitre, la gérante du magasin, forte tête, les deux masseuse pour chevaux, qui prêtent leurs mains curatrices aux dos abîmés que ce soit des touristes ou bien des autochtones, l'étrange tueur de touristes avec ses fléchettes, le guide de pêche Tim, réfractaire au système D malgré toutes les années vécues parmi ses adeptes.
En soi le livre de Yaak est une entreprise louable, faire connaitre la vallée au monde et rallier le plus de monde possible à sa cause et à la cause de la Nature en général. Yaak dans la langue Kootenaï signifie "flèche" ou bien "pluie". L'auteur ne demande pas un arrêt total de l'exploitation forestière de la Vallée mais il propose que celle-ci soit gérée, non pas par des multinationales, mais par les habitants de la région, eux-mêmes. C'est-à-dire ramasser les arbres tombés à terre au lieu de couper des mélèzes centenaires, laisser certaines incendies se propager car ils s'éteindront d'eux mêmes étouffés par les lichens. On voit dans ce livre à quel point la nature est une mécanique bien réglée, certains insectes rongent la cire des aiguilles de pins afin qu'elles puissent se décomposer et former de l'humus, puis-ceux si nourrissent d'autres insectes. Chaque cycle et nécessaire à un autre, et le moindre passage humain casse cet équilibre fragile. Rick Bass fait souvent l'amalgame entre l'art la nature et la science, comparant l'art à une technique qui doit se travailler pour que l'oeuvre sorte de l'artiste telle la beauté lors d'une promenade dans sa vallé. Bon c'est bien joli tout ça, mais je vous avoue qu'au bout de 50 pages le blabla écolo je n'en pouvais plus, "sauvez ma vallée, elle est belle ma vallée! elle est fraîche ma vallée!" A trop vouloir en faire, il dénature son message en le politisant. J'ai trouvé Indian Creek beaucoup plus efficace (bien que ce ne soit pas tout à fait une description du Montana si on veut être pointilleux) dans l'émotion, je me suis vraiment attachée aux rivières et aux arbres de son Fromm alors que j'ai fini par prendre celles de Bass en grippe.
Dans une interview datée de 2010 la situation était toujours la même, les routes continuent de sillonner le Yaak et les coupes à blanc de défigurer la vallée.