Lorsqu'une écriture légère et fluide devient un prétexte à la sublimation de pulsions douteuses, le malaise du lecteur devient presque inévitable. Ce "roman" de Kundera ne manque pourtant pas d'attraits avec son mélange d'intimité nostalgique et de critique politique. Chaque partie du livre serait une variation autour de la même histoire, un hommage aux femmes et à la poésie. C'est aussi un chant pour le pays perdu, conquis par la dictature communiste. D'après les avis que j'ai lus, c'est la grande obsession de Kundera, cette Prague totalitaire qui a éjecté notre écrivain comme on retire un morceau de bois piqué dans un doigt. Et ce cas de névrose n'a rien pour me surprendre tant les scènes sexuelles à moitié dérangées sont symptomatiques de ce profil.
Au milieu de jolies ruminations sur l'oubli, et le refus de celui-ci, le lecteur est donc témoin des pensées lubriques d'un narrateur qui a envie de violer une de ses amies ou d'une jeune veuve prisonnière d'une ile habitée par des enfants pervers qui passent leur temps à la tripoter. Magnifique.
J'avouerai une fois encore mon relatif désintérêt pour la littérature érotique, surtout lorsque je suis confronté à des romans qui ne s'avouent pas comme tels et qui introduisent de lourds fantasmes dans une panade narrative qui n'aboutit nulle part, si ce n'est, peut-être, à l'éjaculation de l’écrivain. Le résultat aurait pu être charmant, il n'est que vaguement nauséeux.