Le livre du roi est un roman d’aventures historiques, qui fait penser aux romans de Jules Verne. Outre sa formation d’écrivain, Arnaldur Indriðason puise dans sa formation d’historien et dans ses lectures des textes anciens.


Le premier chapitre du livre se situe en 1863. On assiste à une scène mystérieuse. Les vingt-sept chapitres suivants se déroulent, eux, en 1955. Un jeune étudiant islandais de l’université de Copenhague raconte, à la première personne, sa rencontre avec un grand professeur, spécialiste des manuscrits anciens, avec qui il se lance dans une folle aventure, à la poursuite d’un des manuscrits les plus sacrés de l’Islande, Le livre du roi. On aurait pu en rester là et suivre ces deux aventuriers, à travers l’Europe. Mais, comme à son habitude, Arnaldur revient sur le passé. Que ce soit avec les conditions de transmission de cette relique littéraire, il y a plusieurs siècles, ou avec le passé trouble du professeur, à l’époque de la guerre. Comme à son habitude aussi, il nous fait pénétrer dans la personnalité des deux personnages, leurs doutes et leurs blessures. Mais bientôt, les cadavres s’accumulent et jonchent le parcours de nos deux héros. L’aventure historique bascule alors dans le polar, ou plutôt dans le thriller. En effet, on connaît les criminels. L’enjeu n’est donc pas de mener une enquête, pour retrouver des coupables, mais de savoir si les deux protagonistes du roman vont leur échapper. La seule véritable enquête est celle qui conduit sur la piste, ou plutôt les pistes, fausses parfois, du Livre du roi. Il est cependant dommage qu’on s’embrouille un peu dans les différents manuscrits du passé et les différents personnages historiques. Certes, pour un Islandais, tout cela doit être clair ; ça l’est moins pour quelqu’un qui est peu impliqué dans la culture du pays. Qu’à cela ne tienne, la lecture et la compréhension du roman n’en sont pas altérées pour autant.
L’auteur mène aussi une réflexion sur la place de l’individu face à des événements ou à des objets dont le symbole les dépasse. Ce n’est ni pour la gloire, ni pour réhabiliter son image, ni pour lui-même, que le professeur veut, à tout prix, récupérer le manuscrit. C’est parce que la place du Livre du roi est en Islande et nulle part ailleurs. Et peu importe ce qu’il en retirera, de positif ou de négatif. Peu importe s’il connaîtra la gloire ou l’anonymat, par cette affaire. Ce n’est pas l’homme qui compte, mais le manuscrit précieux et sacré. Toutefois, on ne doit pas sacrifier, pour autant, la vie d’innocents. C’est pour sauver une jeune résistante, que le professeur accepte de se délester du livre. Il est important d’alerter une mère de famille, des dangers qu’elle court, quitte, pour cela, à laisser filer l’homme qui détient le manuscrit.
Arnaldur profite aussi du livre, pour rendre hommage à son père, Indriði Þorsteinsson, écrivain lui aussi. Non seulement, il lui dédicace son roman : « En mémoire de mon père, Indriði G. Þorsteinsson. » mais il cite même, dans le texte, l’un de ses livres: « Je me couchai de bonne heure avec deux romans récents que j’avais emportés avec moi d’Islande. Il s’agissait de Taxi 79 à partir de la station […]. » Il ne se contente pas de cela, puisque son père, bien qu’il ne soit pas nommé, fait une apparition directe dans le roman, au chapitre 21 :
« – Tu es donc journaliste ? reprit le professeur […]
– Je travaille au Tíminn, dit l’homme.
(Le père d’Arnaldur fut effectivement journaliste au quotidien Tíminn)
[…] Je me souvins soudain de lui. C’était un écrivain, l’auteur d’un roman qui avait fait l’objet de beaucoup de discussions au printemps, en Islande, en raison de sa manière d’aborder le sujet et par son franc-parler. C’était l’un des deux livres que j’avais achetés à Reykjavík le jour de mon départ et que j’avais emportés avec moi à Copenhague. »
Bel hommage à ce père, qui a certainement inspiré l’œuvre de son fils. Vous trouverez plus d’informations en suivant le lien plus bas.


On retrouve, dans ce roman, le gout d’Arnaldur pour l’histoire de son pays et pour les manuscrits anciens. On y croise le grand romancier islandais, prix Nobel de littérature, Halldór Laxness. C’est un bon thriller historique, qui se lit comme une enquête et permet d’ailleurs de pénétrer cet univers des sagas et des textes mythologiques islandais. (article repris du blog "le site des glaces")

HenriMesquidaJr
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le 21 oct. 2020

Critique lue 135 fois

HENRI MESQUIDA

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