Une fenêtre ouverte sur le japon séculaire
Un petit livre trompeur et généreux. Ecrit directement en anglais par Okakura Kakuzō et conçu à l'adresse d'un public occidental, ce livre ne parle finalement que très peu du thé. Du moins pas du breuvage qui n’est finalement qu’un prétexte. Cet ouvrage est plus une clé pour appréhender confucianisme, bouddhisme zen, taoïsme et la pensée séculaire japonaise en général. Et puis ce fameux rituel du thé où tout collabore, de finesse en précision, à créer un instant éphémère de pur émerveillement.
« Selon l'une de nos expressions usuelles, une personne "manque de thé" lorsqu'elle se montre insensible aux épisodes tragi-comiques qui ponctuent l'existence. Mais notre langue stigmatise également l'esthète sauvage qui, indifférent à la tragédie du monde, s'abandonne sans retenue au flot de ses émotions ; de celui-là elle dit qu'il a "trop de thé". »
« Le ciel de l'humanité moderne s'est brisé en éclats dans la lutte cyclopéenne pour la richesse et la puissance. Oui, ce monde avance à tâtons dans les ténèbres de l'égocentrisme et de la vulgarité. La connaissance s'achète au prix de la mauvaise conscience, la bienveillance se mesure à l'aune de l'utilité. L'Orient et l'Occident, comme deux dragons ballottés sur une mer en furie, luttent en vain pour reconquérir le joyau de la vie. (…) Mais en attendant... si nous savourions une tasse de thé ? La lumière de l'après-midi éclaire les bambous, l'eau des fontaines gazouille avec délice, le soupir des pins chuchote dans le chaudron de fonte. Rêvons d'évanescence et abandonnons-nous à la folle beauté des choses. »
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