Il y a dans ce livre une forme de désuétude qui n'est pas inintéressante au regard de la société qui y est décrite. Car si le langage des personnages est irrémédiablement daté, il s'accorde très bien avec leur métamorphose en composants électroniques d'un grand ensemble.
Cet ensemble est un bloc urbain/informatique où les êtres humains annihilent leur vie en un état de fonctionnement qui les fusionnent peu à peu avec la machine. Le travail, l'amour sont abolies pour laisser place au plaisir qui cache en fait une torpeur qui conduit à leur extinction.
On retrouve dans ce roman un univers proche de Ravage de Barjavel. Mais la narration est ici moins fournie et laisse place à des expérimentations littéraires où le livre n'est plus simplement un support d'une histoire mais devient une matière vivante, une machine, d'où le titre.
Le livre dépouillé pratiquement de bout en bout de narration pour ne laisser que les personnages parler, Philip Goy creuse les dimensions théâtrale et musicale du roman, ce qui peut rebuter le lecteur.
La transposition du Christ est réellement intéressante et bien trouvée, même si plus globalement le traitement religieux part un peu dans tous les sens et peine à maintenir à flot le récit.
Indéniablement, ce roman mérite d'être reconnu bien qu'il ait mal vieilli.