Si vous n'avez pas lu ce livre, contentez-vous de savoir qu'il s'agit là d'un divertissement explosif, doté d'un humour et d'une noirceur qui s'assemblent à merveille, et d'un scénario qui, décidemment, ne s'embarasse pas de réalisme, préférant de loin partir dans des délires totalement assumés. En bref, un super bouquin, que je vous conseille chaudement; vous risquez d'y rester accroché des heures.
Et surtout, ne lisez pas la critique qui va suivre, parce qu'elle est pleine de spoil.
Le livre sans nom, ça commence comme un polar classique; un polar qui s'ancre dans un univers bien sombre, dans une ville dominée par des criminels que la police ne semble même pas chercher à arrêter. Voila, ça commence un peu comme un western qui a de la gueule, avec deux flics qui vont mener une enquête apparemment particulière, puisqu'on nous annonce au menu du jour des tueries passées sous silence tant elles sont immondes et une certaine dose de surnaturel. Soit.
Mais on se rend rapidement compte que Le livre sans nom n'est pas juste un "polar". C'est juste un grand n'importe quoi totalement explosif. Tout en suivant un scénario ma foi bien mené, plein de personnages hauts en couleurs qui s'entrecroisent et que l'auteur sait parfaitement rendre vivant (avant de prendre soin de les massacrer), on va partir dans une histoire mettant en scène un homme qui devient un tueur invincible dès qu'il touche à du bourbon, une femme qui a survécu à une centaine de balles et qui, en sortant du coma, se ballade comme si de rien n'était dans la ville, des moines capables de vous massacrer en deux secondes, des vampires, un type avec une main en métal façon Skywalker père & fils...
Bref, ça part dans tous les sens. Mais loin de nous perdre, loin de nous dégouter, ces rebondissements s'enchainent et forment la trame d'une histoire qui nous en envoie plein les yeux. Je parlais plus haut d'un divertissement explosif, et c'est tout à fait ça. Une sorte de Kill Bill, à la fois noir, violent, drôle, et plein de rebondissements si énormes qu'on se demande si tout cela est vraiment sérieux.
Autant le dire tout de suite, je ne suis franchement pas fan des histoires de vampires. Pour moi, la plupart sont sans saveur, explorent les mêmes ficelles, ce sont presque toutes des redites. Le mythe en lui même me semble usé jusqu'à la moelle, vieux et fatigué, et notre cher vieux dracula ne demande plus rien d'autre qu'on lui foute la paix.
Pourtant, ici, ça fonctionne. Simplement parce que cela parait tellement énorme, tellement absurde, (la discussion au bar entre Sanchez, Jefe et Jessica à ce propos, où le barman annonce tranquillement que le bar voisin est infesté de vampires, que c'est un sale endroit et que lui fait bien attention à ce que ces gens pas fréquentables ne viennent pas emmerder sa clientèle, nous en donne un apperçu) qu'on sent bien l'idée de proposer un divertissement qui part dans tous les sens, et peu importe si c'est irréaliste, l'important c'est que le lecteur reste suspendu aux pages et prenne son pied.
Et, bon sang, ça fonctionne.