Après deux magnifiques opus (Reines des orages puis la belle fauconnière) dont les héroïnes étaient des jeunes femmes dotées d'un caractère bien trempé, voici que la talentueuse Marion Zimmer Bradley nous propose de suivre le loup des Kilghard au cœur d'un des cent royaumes sis sur Ténébreuse.
Bard Di Asturien, bâtard de son état, fait montre dès son plus jeune âge d'un courage et d'une vigueur à toutes épreuves lors des combats. Distingué par le roi Ardrin en personne, il tutoie les princes et princesse de sang au quotidien. On dit de lui qu'aucune femme ne résiste à son charme si particulier, fait de puissance, de muflerie et d'un soupçon de laran. Mais son caractère impétueux va bientôt lui attirer les foudres de ses proches. Le loup des Kilghard est né et sa trajectoire sera singulière.
Le protagoniste de ce nouveau récit est un butor invétéré qui voit les femmes comme des petites choses fragiles dont la docilité doit être mise au service des hommes. Ne respectant que la brutalité et la mâle virilité dans ce qu'elle a de plus rustique, ce personnage devient assez rapidement antipathique dans ses choix de vie et les expédients qu'il utilise pour arriver à ses fins. Mais là où la plume de l'auteure trace de jolies arabesques sur le papier, c'est un homme pétri de fêlures qui se dévoile peu à peu. Le lecteur devient alors plus attentif à ces mille et un détails qui donnent de l'épaisseur aux relations humaines. La trame narrative, solidement nouée, devient de plus en plus passionnante pour culminer dans la dernière partie du roman. La fin est à cet égard un peu frustrante tant elle se termine de façon abrupte, comme à l'habitude pourrait-on dire.
Il n'en reste pas moins que ce nouveau pan de l'histoire médiévale de Ténébreuse se lit avec un plaisir comparable aux tomes précédents. Une saga poignante est en route...