N'en déplaise aux admirateurs d'Honoré de Balzac, il m'arrive d'écouter des lectures audios de ses plus grands classiques avant de dormir : d'un côté ça détend, de l'autre, je décroche très vite et fini par plonger dans le sommeil.
Le cas du Lys dans la Vallée est intéressant car c'est un peu un concours entre Sainte Beuve, Balzac et Flaubert qui partent tous d'un même prémisse : Un jeune homme tombe amoureux d'une jeune femme légèrement plus âgées que lui et hélas mariée voire parfois mère de famille. Alors qu'une forme d'amour platonique se noue entre les deux, il ne se concrétisera jamais et le jeune homme ira voir à côté tout en restant amoureux de la femme originelle.
Si le grand gagnant est à mes yeux Flaubert avec l'Education Sentimentale (qui est traversé par les remous politiques, historiques et artistiques du XIXe siècle) Le Lys dans la Vallée est intéressant par bien des égars : la dynamique entre les personnages est assez bien planté, il y a du style et ça fonctionne.
Dommage que ça prenne vraiment son temps au point que ça en devienne parfois redondant : Felix va voir les Mortsauf, passe du temps avec eux, flatte l'homme tout en discutant avec la femme, part sur Paris, revient les voir, etc.. et la boucle reprend. Comme souvent chez Balzac, il faut attendre les trois quart du roman pour que ça décolle, et c'est lorsque le personnage d'Arabelle, l'anglaise dévergondée débarque que l'histoire gagne en dynamisme, "débloquant" la situation qui s'enlise tout en apportant une pointe de cynisme. (Voir plus bas.)
Le roman n'est pas sans avoir des passages à la limite du cringe. Qu'est ce qu'ont les personnages de romans du XIXe et XVIIIe siècle à appeler la femme dont ils sont amoureux "maman?" Même avant que Freud ne mette le doigt dessus, c'est franchement malsain.
Je n'ai jamais réussi à savoir si Felix était vraiment naïf ou si madame de Mortsauf n'était pas un peu manipulatrice. Tout y est un peu trop rose bonbon ou romantique, avec des métaphores complètement ampoulées et grandiloquente même si cela a parfois pour but d'être contrebalancé par la fin. Cette fin comme on en fait plus, qui vient complètement critiquer l'intégralité de ce qu'on a lu avec un regard ironique qui appuie bien sur les lourdeurs de ce qu'on a lu. Et là, ça en devient limite jubilatoire.
Dommage que le récit n'eut pas été plus court, mais bon, on est au XIXe siècle, il faut toujours en faire trop.