De retour une troisième fois à la maison des jeux, avec toujours autant de plaisir. Après avoir joué dans une ville, un pays, c’est désormais à l’échelle du globe que se déroule la partie. Et c’est peu dire qu’on est très vite mis dans l’ambiance. Quelques pages d’introduction, et le jeu, qui prend cette fois la forme d’une partie d’échecs, est lancé. Et ce n’est ni plus ni moins qu’entre la maitresse de la maison des jeux et l’illustre joueur « Argent » que celle-ci se joue. Lequel fera échec et mat sur l’autre ? Les hostilités sont ouvertes.
C’est à un rythme effréné que les deux protagonistes se jouent l’un de l’autre. Chacun a ses pions, héritage de milliers de parties jouées, et chacun va les utiliser sans limites pour attaquer et se défendre. Lancer des assauts militaires, provoquer des guerres ou des catastrophes, faire fermer des frontières, utiliser tous les réseaux possibles pour échapper à l’autre mais aussi le débusquer : aucun mouvement sur l’échiquier, aucun sacrifice ne sera trop grand pour arriver à la victoire, peu importe si cela doit prendre des années.
Ce n’est pas sans opérer une certaine rupture de ton avec les deux premiers volets de la saga que ce troisième tome est écrit. Les actions s’enchainent sans discontinuer, les lieux se succèdent à toute vitesse. Il n’y a plus de barrières, c’est un maelström de tout ce que pouvait contenir en substance le concept même de la maison des jeux. Ça a dû être un plaisir à écrire, et c’est un plaisir à lire, à condition de ne pas y voir trop de surenchère.
Je n’ai personnellement pas trouvé que c’était « trop », mais ce troisième tome au regard du récit plus posé et peut-être plus subtil des deux précédents, se tient sur une ligne de crête et n’est jamais loin de la bascule. Mais heureusement, l’écriture toujours ciselée de Claire North maintient l’ensemble dans un tout cohérent et d’une juste longueur ; en particulier les nombreuses références géographiques et la modulation intelligente de l’échelle temporelle au cours du récit donnent une réelle assise aux actions et à leurs conséquences, et la présence de quelques noms déjà connus contribue à créer du liant entre ce tome et les précédents. Mais il faut bien que la partie s’arrête un jour ou l’autre, mais non sans un dernier retournement de situation. A ce titre, et sans trop en dire, la conclusion est bien à la hauteur de toute la saga.
Allez, rêvons un peu : peut-être un jour un 4e tome à l’échelle du système solaire ?