- Des élèves angoissés, accompagnés par leurs parents respectifs, attendent dans la cour d’école les résultats de l’examen du certificat de fin d’études primaires. L’inspecteur sort, une feuille à la main: « Sermet, Simon, premier du canton… » Simon fait la fierté de ses parents et à la question de son père: « Hé! Simounet, ça te plairait d’être régent (instituteur)? », il répond: « Oh! Oui, être régent, je voudrais bien! » Ainsi commence l’histoire de Simon, futur maître d’école.
Ma lecture commençait bien. L’auteur fait un bond dans le temps et nous retrouvons Simon juste après la Première Guerre Mondiale. Devenu instituteur au sortir de l’École Normale, il a du mettre sa carrière entre parenthèse suite à sa mobilisation en 1914. Il en ressort vivant mais profondément écœuré et désabusé. Il perd un ami sur le champ de bataille et se rend compte de l‘inutilité de la guerre et de l’inconscience des dirigeants militaires. La guerre finie, il obtient son premier poste de maître d’école à Maurines, petit village des Pyrénées. Dans un premier temps déprimé par la froideur et la pauvreté des lieux, il finit par s’y sentir à son aise: il devient un maître respecté de ses élèves et des villageois. Simon est un homme qui aime son métier et ses élèves. Il veut transmettre le savoir et les valeurs de la république. Selon lui, l’école est la seule solution pour fabriquer de bon citoyen et surtout pour éviter les guerres: c’est en apprenant que l’homme se détourne de la violence et du mal. L’école doit détruire la guerre! J’ai beaucoup aimé toute cette période de la vie de maître de Simon. C’est un personnage engagé et vraiment convaincu par ses opinions. On y découvre également toute la vie paysanne de la France d’après guerre: c’est chaleureux mais aussi très dur par moment. Les repas conviviaux entre voisins cohabitent avec l’annonce de l’inflation.
La deuxième période de sa vie se déroule dans un autre village près de Toulouse. Simon y enseigne avec sa femme Lucienne, elle aussi institutrice. Simon a adopté le fils de Lucienne. Ce passage est intéressant d’un point de vue historique et politique. La vie campagnarde est rythmée par les multiples changements dans le gouvernement français très instable. C’est aussi la montée en puissance des syndicats, des communistes, des socialistes. Face à ces partis, le fascisme qui inquiète: Simon s’inquiète de voir se déclencher une autre guerre, l’ascension d’Hitler au pouvoir fait peur ainsi que l’Italie de Mussolini.
Pour son dernier poste, Simon retrouve avec Lucienne, son village natal. La Seconde Guerre Mondiale a éclaté. Les allemands sont partout y compris dans son village et ont réquisitionné l’école…
C’est à partir de ce moment là que j’ai vraiment décroché de ma lecture… J’ai perdu beaucoup d’intérêt pour le roman suite à un événement qui se situe au milieu du roman. A partir de cet instant, le récit m’a semblé très très lent et redondant. La description des paysages de campagne, de la vie des habitants du village et de celui de maître d’école, cela a son charme pendant un temps mais à la longue ça ennuie…Pour tout vous dire, j’ai lu les 100 dernières pages en diagonale…
Le maître d’école est un roman qui ne manque pas d’intérêt pour sa portée historique et politique: la République, l’école laique, les changements successifs de gouvernement français, l’émergence des syndicats et des partis politiques, première et seconde guerre mondiale… Ce roman interroge beaucoup sur l’inutilité de la guerre et des conséquences de cette dernière sur la vie de la population. Un beau message se dégage dans les paroles du maître d’école: il faut instruire les jeunes gens pour éviter les guerres. La paix se trouve dans les livres et le savoir. J’ai également ressenti une profonde nostalgie pour mes années d’école primaire: le tableau noir, l’odeur de la craie, l’encre, les récitations…Toutefois le roman manque de rythme, sa lenteur et la profusion des descriptions de la campagne n’ont fait perdre l’enthousiasme que j’avais au début de ma lecture. C’est vraiment dommage…