Cela fait quelques temps que je n'avais pas pris de temps pour critiquer une histoire de Fantasy sur le meilleur support jamais créé en ce monde, non ? Et pour mon pseudo-retour sur un roman, j'ai choisi un représentant de la littérature de jeunesse, écrit par Évelyne Brisou-Pellen : à savoir Le Maître de la Septième Porte. De la Fantasy toute simpliste, toute mignonne et qui, très surprenamment, a de quoi - justement - surprendre, notamment en ce qui concerne les éléments inhérents au genre choisi.
Il est une forteresse dans un royaume qui prospérait. Pour le contrôle de cette place-forte, il y avait sept héritiers, chacun reçu sept clés permettant d’accéder aux défenses du château, mais surtout à son trésor. Les années ont passé et aujourd'hui, Silien, détenteur de la septième clé, est appelé par le château. Et accompagné de son petit-fils Kéla, il se prépare à reconquérir ce qui lui revient de droit.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.
Il est normal, dès l'instant où l'on termine la lecture d'un roman de ce type (à vrai dire, également lorsqu'on le commence), d'être saisi par le fameux : "Ce n'est guère original !". En effet, dans bon nombre de romans (et il faudrait voir si les autres supports ont le droit à un traitement de "facilité" identique") de jeunesse, on retrouve ces raccourcis composés d'objets magiques, généralement en grand nombre, amenant les héros à se lancer dans une périlleuse quête. De ce fait, on ne déroge absolument pas à la règle ici et, pour l'histoire, on débarque sur un scénario qui ne laissera pas de doutes au lecteur quant à sa finalité. Cependant... Il ne faut pas juger trop hâtivement car des surprises peuvent se cacher là où on s'y attend le moins. Ainsi, nous sommes face à une quête des plus banales : reconquête d'un bien perdu entre deux protagonistes, un jeune et un vieux avec, et cela va presque de soi, le parcours initiatique associé : le jeune Kéla qui, n'ayant aucune connaissance du monde, viendra à devenir un adulte et le vieux Silien qui apprendra à déléguer les fardeaux à présent trop lourds à supporter. Et c'est une quête semée d'embûches qui permettront d'accentuer les évolutions de nos protagonistes susnommés qui se déroule tout au long des pages de ce roman. Et le moins que l'on puisse dire, concernant cette quête et les embûches, c'est qu'elle est longue et qu'ils sont nombreux, voire même trop nombreux. Presque à chaque chapitre, il se passe quelque chose qui perturbe les péripéties de nos héros. En soi, pourquoi pas : cela dynamise l'histoire, mais dans ce cas, il en ressort une forme d'indigestion puisque ces embûches, ces périls s'accompagnent généralement d'une rencontre avec des adjuvants (ou de pseudo-adjuvants ; dans le sens où les antagonistes payent des sbires pour ralentir nos héros) qui entraînent une explication ou un approfondissement du lore de ce monde. Alors, on arrive à une explication plutôt simple mais on a tout de même cette sensation de surplus. Un surplus paradoxe dans le sens où l'aspect magique, fantastique de ce monde n'est guère observable que par le prisme des créatures qui peuplent les lieux traversés par nos héros : des créatures descendant toujours d'animaux connus du lecteur (écureuil, papillon, chenille...) mais qui entre dans la catégorie de la Fantasy par un trait merveilleux (bleu, avec des ailes d'acier, géante...) et ça, en un sens, c'est une excellente chose ! On montre aux lecteurs, aux nouveaux lecteurs puisque c'est ce genre de récits qui initie les nouveaux arrivants, que la Fantasy n'a pas forcément besoin d'elfes, de nains, de magie à outrance et de lieux renversants. Simplicité est le maître mot de ce roman concernant le genre de la Fantasy. De ce fait, on demeure sur des éléments qui surprennent et qui restent efficaces pour l'immersion du lecteur. Outre cela, on garde, avec (et malgré) l'accumulation de périls, des rebondissements fort sympathiques mais je me dois de souligner un point, découlant en parti des éléments précédents. Le dénouement n'est clairement pas à la hauteur du corps du récit : on a l'impression que l'autrice a eu envie d'en terminer très rapidement avec son récit, au point de clore l'intrigue principale - et les quelques intrigues secondaires - en moins de deux chapitres (sachant qu'ils ne sont pas énormes) et franchement, ça déstabilise grandement ! Néanmoins, outre ce désagrément, il reste intéressant de voir qu'avec un minimum d'éléments emprunts de Fantasy, nous sommes capables d'avoir une histoire plus que satisfaisante.
En ce qui concerne les personnages, on a le droit au même traitement qu'avec l'intrigue : on reste sur du simpliste mais de qualité : le minimum syndical, et ça marche ! Avec cette fameuse évolution de personnages très intéressante à observer puisqu'il y a le jeune Kéla qui fleurit tandis que le vieux Silien accepte de faner - pour garder la comparaison florale. Ce contraste est véritablement une des pierres angulaires de ce roman et c'est appréciable de suivre cette construction tout au long du roman. Autrement, le caractère des personnages est à l'image du roman lui-même : simple ; ne pas croire qu'il s'agit là d'un défaut ! On regrettera que les adjuvants présentés, qui ne sont pas en reste concernant leur histoire personnelle, ainsi que les antagonistes (dont le grand méchant du roman) soient très peu "utilisés", présentés pour ajouter de la matière à l'histoire, sans compter que certains personnages, dépeints comme secondaires, n'ont absolument aucune conclusion - ce qui pour le coup choque légèrement en fin de lecture ; que deviennent-ils, bon dieu ?
Le Maître de la Septième Porte est néanmoins un roman de jeunesse intéressant pour les écarts adoptés avec les règles, ou du moins les attendus du genre. Il s'agit là d'une excellente entrée en matière pour le genre de la Fantasy même si les défauts précédemment soulevés peuvent entacher la lecture et donc, l'appréciation de l'histoire contée. Il n'en demeure pas moins un livre que je recommande pour franchir le pas et ouvrir le bal des œuvres littéraires de Fantasy à découvrir et lire impérativement dans sa vie.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !