En refermant ce livre, après quelques jours de lecture acharnée, je suis déçu, vraiment déçu. Je ne veux pas écrire une critique pour le plaisir de flinguer le livre, mais plutôt parce que je ressens le besoin d'expliquer ma note. Donna Tartt est une conteuse de talent, et je pense que son roman a plusieurs grandes qualités.
Tout d'abord l'ambiance, c'est évident, l'auteur arrive à nous installer dans une attente et un confort de lecture qui sont rarement compatibles. Cette ambiance c'est celle du tableau de Gérôme auquel on pense immédiatement lorsque Henri prononce pour la première fois: "consummatum est". Les thèmes du romans avaient tout pour me plaire, le grec ancien, le dandysme, la vie universitaire...etc etc. Les descriptions sont très bien maîtrisées et l'aspect psychologique des personnages très bien fouillé. Enfin c'est un roman qui va quelque part, là où certainement on ne l'attend pas vraiment, mais il propose une nouvelle version très imparfaite à mon sens, nous verrons pourquoi, de la tragédie. Tout le long du livre le fatum pèse sur le personnage narrateur et sur le groupe d'amis, et la fin lamentable, dans cette chambre d'hôtel fait évidemment penser à une pièce du théâtre de Sophocle ou de Racine...
Malgré ces qualités, j'ai été pour ma part très déçu, au point d'avoir même pensé avoir perdu mon temps dans la lecture de ce pavé de 705 pages... ce qui n'est évidemment pas vrai, car après réflexion, je suis content de l'avoir tout de même lu. Mais quel manque d'efficacité, que de longueur en deuxième partie de livre. J'ai bien aimé la première partie du livre, malgré une traduction bâclée et quelques longueurs, je lui ai trouvé un charme et une aura qui venait sûrement du fait que j'en attendait beaucoup.... Beaucoup trop finalement, car de nombreuses interrogations restent sans réponse, et l'intrigue principale me paraît peu vraisemblable. le meurtre de Bunny ne me paraît pas "vraisemblable" et ce en termes de dramaturgie classique. Les motivations des personnages, l'intrique ne rend pas à mon sens "nécessaire" ce meurtre. On attend des motivations profondes, des secrets bien gardés, une implication de Julian, baisé sur la joue par Henri, on attend une histoire incroyable, mais vraisemblable et l'on a qu'un dénouement sûrement réaliste mais décevant; et peu vraisemblable donc...
Encore une fois, il semble bien que la critique a surévalué un roman contemporain. Certes, il est bien écrit mais il ne révolutionne en rien la littérature américaine...
En définitive, le roman laisse le lecteur habitué aux chefs d’œuvre de la littérature sur sa faim, et on a la sensation désagréable que tout n'est vraiment pas consommé...