Une haine obsessionnelle
Dans le malheur du bas, tout commence par un prolepse. Et c'est (déjà) atroce dans une scène qui rappelle évidemment Une chanson douce. Le livre d'Inès Bayard est aussi, parait-il, très proche d'un...
le 8 déc. 2018
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Dans le malheur du bas, tout commence par un prolepse. Et c'est (déjà) atroce dans une scène qui rappelle évidemment Une chanson douce. Le livre d'Inès Bayard est aussi, parait-il, très proche d'un roman intitulé Je me suis tue. Mais même sans connaître ce dernier, Le malheur du bas suscite un véritable malaise et pose des questions sur les motivations de l'auteure pour écrire un tel ouvrage. Un viol est un crime absolu et le traumatisme des victimes n'est pas compréhensible par ceux (celles) qui n'ont pas connu une telle abomination. Il n'y a rien de répréhensible à conjuguer ce thème sur le mode littéraire mais encore faut-il avoir la capacité de l'aborder avec talent et sans sombrer dans le sordide et une complaisance certaine des détails les plus glauques comme certaines publications qui font leur choux gras des faits divers les plus abjects. En débutant par la conclusion de son histoire, Inès Bayard nous intime déjà d'émettre un jugement sur son héroïne et crée un suspense psychologique malsain qui ne fait qu'empirer à chacune des pages puisque l'on sait comment tout va finir (à ce titre, la révélation de la toute dernière page, qui se veut maligne, est depuis longtemps prévisible et d'un goût aussi douteux que le reste du livre). La romancière avait tout à fait le droit d'écrire un livre dérangeant (la littérature est aussi là pour bousculer les lecteurs et les sortir de leur zone de confort) mais était-il besoin de se vautrer dans de longues descriptions physiologiques dans l'intimité des sécrétions et fluides divers ? Mais le pire, évidemment, est le rapport mère/fils et comment ce bloc obsessionnel de haine qu'est la première cherche par tous les moyens à mettre fin aux jours du deuxième. Le livre est quand même en grande partie marquée par ce suspense insupportable, au sens le plus fort du terme. Pour être honnête, il y a des pages plus intéressantes sur la vie de couple et la façon dont un mari ne voit rien de la transformation de celle qui partage sa vie. Mais cela ne saurait justifier de dire du bien d'un livre qui, parce qu'il évoque un cas de viol, serait nécessaire pour faire évoluer notre société face à ce fléau et sensibiliser les consciences. Hélas, Le malheur du bas est avant tout un roman assez souvent racoleur et qui ne saurait faire avancer une cause si tant est que cela ait été son intention. Et du point de vue littéraire, il n'y a rien d'enthousiasmant là-dedans non plus.
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le 8 déc. 2018
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