En 2012, les éditions Tristram ont eu la bonne idée de publier un récit de Hunter S. Thompson jamais sorti en français auparavant. Le Marathon d’Honolulu, The Curse of Lono dans sa version originale, voit le fameux journaliste gonzo s’envoler pour Hawaï en 1980. Son but initial : couvrir ledit marathon en compagnie du dessinateur Ralph Steadman. Bien évidemment, l’événement n’occupe qu’une place tout à fait anecdotique du compte-rendu final. A la place, le lecteur a droit à quelque chose d’assez particulier.

Notons que Thompson s’attarde tout de même brièvement sur le marathon. Il en profite pour questionner le succès de ce sport et s’interroge sur les raisons qui peuvent ainsi pousser des milliers de personnes à courir sur des dizaines de kilomètres. Au passage, il maugrée sur le triste destin de ceux qui, autrefois, partageaient ses idéaux issus des sixties. Toutefois, le tout vire assez rapidement au bordel sans nom. Par ailleurs, son périple le met sur le chemin de personnages à peu près aussi rock’n’roll que lui.

Si l’article commandé par le magazine Running paraît bel et bien quelques mois après le marathon, il faut encore deux ans à Hunter S. Thompson et Ralph Steadman pour en faire un livre digne de ce nom. De plus en plus célèbre, Thompson n’est pourtant (?) pas au mieux de sa forme. C’est après bien des difficultés qu’il arrive finalement à donner de la cohérence au fatras de textes écrits pour le bouquin, notamment en utilisant un acolyte fictionnel pour les besoins de la narration. Cependant, à sa sortie, The Curse of Lono est assez mal reçu par la critique. Pour faire bref, Thompson est accusé de faire dans l’autoparodie et le résultat d’être incompréhensible.

Il faut dire que le fil conducteur du livre est plutôt ténu, malgré la faible épaisseur de ce dernier. Cela dit, nous parlons de Hunter S. Thompson : bien sûr que son sujet principal est lui-même et non pas un quelconque marathon dont on se fiche bien, et que le résultat est inévitablement chaotique. Il n’empêche, les derniers chapitres sont assez ardus à suivre. En plus du récit plutôt habituel de ses aventures hallucinées (sur terre ou en mer, défiant les éléments), le livre est longuement consacré à la culture hawaïenne, à ses traditions et à ses légendes (d’où l’omniprésence de Lono, figure mythologique locale). Il est d’ailleurs entrecoupé de nombreux extraits d’ouvrages consacrés au sujet, en plus de lettres écrites par Thompson et de retranscriptions brutes de conversations.

Le Marathon d’Honolulu, qui porte en définitive assez mal son nom français (« La Malédiction de Lono » aurait sûrement mieux convenu), est un bouquin dans lequel il est finalement beaucoup question de stupéfiants, de pèche au marlin et de mythologie hawaïenne. Même si ce n’est probablement pas ce qu’il a écrit de plus fort, c’est très amusant à lire, quoique je sois loin de pouvoir prétendre avoir lu toute sa bibliographie. J’ai d’ailleurs une bonne idée pour l’année qui commence : y remédier.
Nonivuniconnu
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le 11 janv. 2014

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