Une comédie (?) adorable avec une intrigue prenante, des personnages attachants, se complétant et se soutenant les uns les autres face à l'affreux Shylock qui veut faire du noble Antonio de la chair à pâté ^^ La scène du tribunal est vraiment prenante.
Le rythme soutenu sert agréablement l'intrigue. Pas d'unité de temps, ni d'action, ni de lieu. Et Shakespeare en profite bien.
J'ai trouvé l'énigme des coffres très intéressante, et on se prend au jeu à imaginer quel serait notre choix à la place des prétendants. Les répliques de l'impertinente Portia quand ceux-ci s'en vont, jurant de ne prendre jamais quiconque comme épouse, font tout son charme. L'une de ces répliques : "Faites que celui qui m'obtient n'ait pas sa couleur de peau." montre clairement le ton raciste de l'époque. Shylock lui-même fait sans cesse référence à sa Nation.
L'énigme des coffres m'a paru particulièrement sévère. Le Prince choisit le coffre d'argent "Celui qui me choisit n'aura que ce qu'il mérite", et repart avec une leçon : "Un sot qui réfléchit restera toujours un sot. On choisit avec son coeur, pas avec sa tête." Et Portia de surrenchérir : "Le moucheron s'est brûlé à la lumière" ^^ Quelle %$£. C'est dur et c'est sage comme leçon. Et toute la pièce est ainsi faite : C'est une véritable descente aux enfers que Portia a prévue pour Shylock. Et encore, elle prend plaisir à torturer les jeunes époux Bassanio et Gratiano. C'est véritablement l'héroïne de la pièce, elle et son caractère bien trempé. Alors où sont les féministes maintenant pour encenser la pièce ? Ah non bien sûr, il vaut mieux la censurer car on y évoque le sujet de l'usurier juif.
Sur une note plus légère, j'ai trouvé très à propos les apparitions du loufoque Lancelot, venant détendre un peu l'atmosphère.