Critique de Shaynning
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le 23 oct. 2022
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Voici une micro-nouvelle d'à peine 24 pages, dans un petit format de poche, qui a été écrit par une habituée de la littérature jeunesse adolescente québécoise, India Desjardins.
Zoé a quinze ans et pour cette adolescente, voir son père se marier pour la première fois avec une autre femme que sa mère ne lui inspire guère de sentiments agréables. Sa présence a été sollicitée, mais ce fut à contre-coeur. Autrement, elle aurait préféré aller au party prévu chez un autre adolescent, avec ses amies. Entre son père qui veut la voir partager son bonheur, inquiétude de rendre sa mère triste et sa vision personnelle du mariage, l'adolescente jongle avec ses sentiments, alors que la cérémonie se déroule le lendemain.
Dans cette petite tranche-de-vie, nous suivons Zoé et son père, le jour avant le mariage, puis durant le mariage. L'espace temps est donc court.
Zoé a du mal à se réjouir de la situation et pour les adultes autours d'elle, l'adolescente devrait se réjouir pour son père. Cela dit, quel part de Zoé est réellement engagée dans un sentiment comme la joie, quand on y pense? Celle qui a du faire le deuil de sa cellule famille? Celle qui ne connecte pas spécialement avec la femme que son père s'est choisi? Celle qui se sent peu consultée? Celle qui aime son père? Celle qui trouve que le mariage n'est au final pas si nécessaire que ça?
Zoé ne voit pas de raisons d'être bien dans cette situation, état corroboré par son ressenti. Entre les adultes qui lui font sentir qu'elle devrait se réjouir pour son père parce que ce mariage le rend heureux et sa mère qui semble avoir passé à autre chose, Zoé semble tergiverser. Ce n'est pas facile de savoir ce qu'elle ressent dans ce contexte. Et là, alors qu'une certaine musique commence lors de la danse suivant la cérémonie, Zoé réalise que son père fait jouer sa chanson préférée et propose même de regarder la réaction des gens avec elle. se dit que peut-être, son papa la comprend.
Au préalable de cette chanson, je remarque aussi que ce même papa a inclut sa fille dans ses voeux de mariages, en se présentant comme 'un papa avec sa fille" et extrapolant sur le fait que cet état de fait ne va pas changer. Un papa qui se moque des changements ou qui n'estime pas l'importance de ceux-ci sur sa fille, ne se serait pas décrit ainsi. Il semble être un homme de peu de mots et ses intérêts diffèrent de ceux de sa fille, mais il semble avoir trouvé une façon de faire savoir à sa fille quelque chose d'important, à savoir qu'elle n'est pas rejetée ou moins considérée du fait de ce mariage.
On navigue sur différents sous-thèmes, tel que le sentiment de loyauté envers un parent, ici la maman, l'angoisse face à un changement de statut d'une ado envers son parent et une certaine anticipation aussi de l'avenir. Il y aussi de l'idée entourant le lien affectif, qui n'est pas forcément synonyme d'intérêts communs ou de grandes conversations pour exister. Il existe beaucoup d'autres ingrédients dans les relations familiales qui importent et sur lesquels ont peut tabler pour tisser des liens solides: La confiance, le respect, l'intérêt pour la personne, avoir à coeur son bien-être et son intégrité, bref, de l'aimer cette personne. C'est la dimension que j'ai préféré dans cette nouvelle, celle du parent qui connait son enfant et l'estime, même si les gouts et intérêts ont peu de points communs que les discutions approfondies ne sont pas spécialement présentes, surtout en cette phase d'adolescence.Néanmoins, la base est là et elle est saine. On a un papa qui veut entrer en contact avec sa fille, qui veut l'inclure dans le projet de la famille (de manière prioritaire, qui plus est) et cherche à lui consacrer du temps. Ce n'est peut-être pas la relation hyper complice qu'on idéalise beaucoup dans notre société, mais cette relation-ci me semble touchante, à sa façon. Ce que j'ai surtout perçu, c'est que notre ado se demandait si elle était entendue et elle semble avoir senti, avec cette chanson à la fin et les voeux de son père, que c'est le cas. Un constat positif, il me semble.
Une nouvelle sympathique, sur un sujet devenu plus courant de nos jours, qui se lit facilement et se clôture avec douceur.
Pour un lectorat adolescent du premier cycle secondaire et plus, 12-15ans+
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Créée
le 14 oct. 2023
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