C'était le premier livre que je lisais de A. C. Clarke.
Le nom est connu, la petite bio à la fin disait qu'on le pose au même rang qu'Asimov et que c'était un père fondateur de la SF, je m'attendais donc à quelque chose d'incroyable.
Je fus un brin déçu.
Niveau histoire, ça va. Le cœur même de l'intrigue (un astéroïde va percuter la Terre, il faut le dégager de là) est assez court, et du coup entrecoupé de flashbacks ou d'explications sur le monde. Ça brosse un peu l'univers en question, où l'Humanité a colonisé la Lune et Mars, c'est sympa.
Hélas, le personnage principal, Robert Singh, est plutôt inutile. Il dépend des décisions des autres. Il laisse faire l'ordinateur de bord prendre toutes les décisions. Il s'abstient dans les votes et laisse son équipage choisir. C'est un spectateur total. L'histoire aurait presque pu être la même qu'il fut là ou non. C'est dommageable, puisque du coup, Bob Singh, je m'en fous un peu de ce qui va lui arriver.
C'est couillon, parce que des rebondissements, y'en a. Des biens trouvés, des excellents mêmes (comme ceux qu'un lecteur un peu malin devrait être obligé de voir venir mais ne voit pourtant pas arriver), et des dei ex machina complétement gratuits. Ça a au moins l'intérêt de relancer l'histoire.
Niveau style, là par contre, grosse claque. Dans le mauvais sens.
J'ai cru que le bouquin datait des années 60 tant le style était vieillot. On dirait du Asimov ou du Bradbury mais en pire : on se contente de raconter une histoire, sans jamais nous permettre d'y rentrer vraiment dedans. La narration est si visible qu'elle bâtit comme un mur de verre entre nous et les protagonistes. Les flashbacks entre des moments cruciaux nous sortent totalement de l'urgence de la situation.
Et pire, on trouve des mécaniques que je n'avais vu que dans Jules Verne. Sérieusement, il y a un chapitre qui s'intitule "Sabotage", et dans lequel on découvre... un sabotage. Je peux même pas vous spoiler l'histoire, Clarke le fait pour vous :-/
Quant à la vision du futur, elle est assez basique et bien ratée. Je sais qu'on ne peut pas trop juger, c'est pas facile de prédire l'avenir, mais Neuromancien de Gibson offrait un aperçu technologique bien plus réaliste. En étant sorti neuf ans plus tôt. Neuf ans. Et en plus, Gibson avait déjà un style qui claquait sa maman.
Bref, j'ai d'autres ebooks de Clarke qui m'attendent. Je vais quand même les lire, et sans doute avec plaisir, mais pas avec autant d'impatience que j'escomptais.