Pauvre Rob, qui passe complètement à côté de sa vie. Ce champion de la batte, à qui arrive un coup de destin terrible dans son jeune âge, alors que la vie lui ouvrait les bras, et qui revient des années plus tard, voulant prendre une revanche sur le destin.
Accompagné de sa batte, celle qu'il a taillé lui-même dans le tronc d'un arbre fendu par la foudre, Wonderboy l'étincelante, il va intégré une équipe de Chicago. Une équipe qui enchaîne plus les défaites que les réussites, et qu'il va mener au-delà de ce qu'elle espérait.
Malamud décrit parfaitement le quotidien de cet homme, et des autres personnages, tous attirés par quelque chose qu'ils ont perdu, raté, ou jamais atteint. Et le lecteur s'accroche à Roy, à espérer que pour lui, la chance tourne.
Mais les bons choix, les plus rationnels, ne sont pas souvent ceux qu'il prendra. Trop obsédé, aveuglé, par son but, il risque de passer à côté du bonheur.
Par certains aspects, ce livre m'a fait penser à Gatsby. Histoire d'un homme qui se noie dans la réussite qu'il s'est lui-même construit, et dans l'amour impossible qu'il rêve de conquérir.
Un incroyable portrait déformé du mythe du rêve américain, avec des passages troubles où le rêve et la réalité se confondent, et finissent souvent en cauchemar.
Les parties descriptives des matchs de baeball ne sont pas du tout ennuyeuses, tant elles sont intégrées dans les questionnements, et qu'elles sont de véritables moments clés dans la vie de Roy et de son entourage.
J'ai assisté une fois à un match des Cubs à Chicago, et je trouve que Malamud arrive parfaitement à décrire l'ambiance du stade, ces moments de flottement où l'on attend tranquillement en discutant, et les moments de grande tension, où tout le public est tendu, happé par l'action.
Je vais enchaîner avec l'homme de Kiev.