Alors que l’adaptation cinématographique de ce Meunier hurlant sort, il a fallu que je lise l’œuvre originale d’Arto Paasilinna. Avec son compatriote Mika Waltari, Arto Paasilinna est pourtant un de mes auteurs favoris, mais l’actualité d’autres lectures m’a éloigné de ces auteurs. Je vais, dans les prochains mois, rattraper mon retard et retrouver ces auteurs qui toujours m’ont fasciné.
Dans Le meunier hurlant, nous découvrons Gunnar Huttunen, un meunier venu d’on ne sait où qui reprend un moulin abandonné proche d’un petit village du nord de la Finlande. L’action se passe peu de temps après la seconde guerre mondiale dans le contexte de cette Finlande qui a connu la Russie et l’Allemagne nazie comme ennemis successifs.
Ce brave Gunnar, bien que dépressif, est extrêmement doué de ses mains et retape son moulin jusqu’à faire renaître l’espoir au village d’avoir leur propre minoterie au lieu d’être obligés de partir dans d’autres villages plus lointains. Tout irait bien si Gunnar ne pouvait s’empêcher d’hurler la nuit, causant des désagréments au village.
Il va se faire des ennemis de l’épicier, de paysans jaloux, d’un médecin chasseur et de tant d’autres individus qui ne comprennent pas sa différence. Pourtant Gunnar est un brave homme, qui sait même susciter l’amour pur et beau d’une conseillère rurale venue l’aider à cultiver un potager.
Il est un peu rude et ses réactions sont imprévisibles, ce qui va peu à peu le marginaliser jusqu’à ce que les gens bien-pensants décident qu’il conviendrait plutôt de l’interner dans un asile. Heureusement il a sa bien-aimée et quelques amis, mais la vie dans la clandestinité n’est pas aisée alors que l’hiver arrive.
Une nouvelle fois, Arto Paasilinna évoque le fil ténu qui sépare la norme de la folie. Il suffirait de si peu à son protagoniste pour être un homme respecté. La marginalité tient parfois à peu de choses, mais ici, avec talent l’auteur nous montre la monstruosité des gens normaux en l’opposant à la douceur de Gunnar.
Je ne sais plus qui a dit que les vrais fous ce sont ceux qui sont parfaitement adaptés à une société folle et pourtant ils sont la norme. Même si la fin de ce roman est poétique avec une superbe métaphore, je regrette la fin inéluctable qui nous est proposée. Cette lecture mêle le rire aux larmes, les possibles au drame et l’espoir au destin. Un bijou d’un grand écrivain.