Un essai poétique et nourri de l'expérience de l'auteur...

On compare parfois Stevenson et Joseph Conrad, deux auteurs qui ont écrit des histoires de marin à l'époque du déclin de la marine à voiles. Un ami me disait : Stevenson décrit bien la mer, et Conrad décrit bien les marins. C'est en grande partie juste, mais ce livre fait exception dans l'oeuvre de Conrad.
Il ne s'agit pas d'un roman, plutôt d'un essai qui transmet l'amour de l'auteur pour la navigation à voile, avant que la marine à vapeur ne transforme les marins en techniciens sans connaissance de l'élément qu'ils côtoient au quotidien. Pour une fois le style est ouvertement lyrique (voir par exemple la description des vents d'ouest et d'est), et l'on y trouve, outre de nombreuses remarques sur le vocabulaire maritime, de nombreuses anecdotes savoureuses. Le livre se clôt sur le récit d'une aventure de Conrad en Méditerranée aux côtés d'un contrebandier, romancé, et à mon sens d'un intérêt moindre.
Ce livre est fait pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la navigation à voile, et comporte un grand nombre de citations mémorables. Contrairement à d'autres ouvrages de Conrad, il laisse une impression de spontanéité et de fluidité.