Ecrit fin 18ème (et remis au goût du jour, ici, par Artaud). Pardon ? Vous pouvez répéter ? A la fin des années 1700 ? Le 1700 qu'on connait, enfin qu'on s'imagine ? Parce que ça fait longtemps qu'ils croupissent dans leurs tombes les bigots qui vivaient à cette époque. Je m'égare un peu là, c'était pas le Moyen-Age non plus, mais bon, fallait pas trop se marrer avec la religion et tous ces trucs. Enfin à ce niveau, ce n'est plus se marrer, c'est carrément lui faire offense, la traîner dans la fange la plus immonde qui soit et la livrer en pâture à Lucifer ! J'imagine à peine la jubilation que ça devait procurer d'écrire un livre pareil en ces temps où son pouvoir était encore si écrasant. Vous l'aviez compris, si vous cherchiez un (très) bon roman (que l'on peut qualifier de "gothique"), sans doute l'un des plus subversifs qu'il m'ait été donné de lire, surtout quand on connait le contexte, "Le moine" est fait pour vous. Sans hésitation aucune. Tout ce que l'époque comptait de plus sacré y est bafoué : Eglise, morale, virginité, mariage... Et pour couronner le tout, certains passages forcent allègrement les portes du fantastique, tandis que la sorcellerie et les rites infernaux s'invitent à la fête, brillamment accompagnés par la formidable plume de l'auteur. Que du bonheur, je vous dis. Du pain béni, si vous me passez l'expression... .