Lisez ce livre , et au-delà imprégnez vous patiemment mais surement de la philosophie de Schopenhauer, ainsi que des éléments biographiques concernant cet étrange personnage , oeuvre et vie étant indissociables (du moins chez lui) ,et votre vision de l'existence sera à jamais modifiée .
Ne vous laissez pas influencer par l'image tronquée véhiculée par certains commentaires superficiels , qui le réduisent à un pessimisme caricatural .
Schopenhauer parle de la vie telle qu'elle est et telle qu'elle a toujours été, d'où son intemporalité et son inactualité . Il écrit dans une langue intelligible qui le distingue des théoriciens fumeux de la philosophie ( les philosophatres, pour reprendre une de ses expressions )qui élaborent des concepts opaques ,abstraits dont aucune leçon de vie ne peut être déduite.
Schopenhauer part de la réalité qu'il fouille jusqu'à l'os, de notre perception du monde. Il parle de nous, en tant que compagnons d'infortune embarqués sans savoir pourquoi sur le navire de l'existence qui de toute façon, et quoiqu'il puisse arriver , est condamné à sombrer.Il analyse sans concession la misère de la condition humaine et l'absurdité de notre existence, et cette lucidité crue qui déchire le voile des illusions en devient paradoxalement réconfortante.
Il n'a pas créé un systême, mais développé , reformulé, approfondie une intuition fulgurante quant à l'explication du monde. Car à ses yeux, et comme il l'écrit lui-même dans sa prime jeunesse ( cf. son "journal de voyage") : : "la vie est un problème difficile, et j'ai résolu de consacrer la mienne à y réfléchir" . Le monde est appréhendé comme une enigme . La source de la philosophie schopenhauerienne est l'étonnement.
Maupassant , dans une de ses nouvelles, fait de Schopenhauer, immense philosophe injustement déconsidéré , un portrait à la mesure des réactions épidermiques qu'il peut provoquer , mais qui traduit également son incommensurable influence :
"Qu'on proteste ou qu'on se fâche, qu'on s'indigne ou qu'on s'exalte, Schopenhauer a marqué l'humanité du sceau de son dédain et de son désenchantement.
Jouisseur désabusé, il a renversé les croyances, les espoirs, les poésies, les chimères, détruit les aspirations, ravagé la confiance des âmes, tué l'amour, abattu le culte idéal de la femme, crevé les illusions des coeurs, accompli la plus gigantesque besogne de sceptique qui ait jamais été faite. Il a tout traversé de sa moquerie, et tout vidé. Et aujourd'hui même, ceux qui l'exècrent semblent porter, malgré eux, en leurs esprits, des parcelles de sa pensée"
Je vous recommande également le récit que fait Paul Callemel Lacour de sa rencontre avec Schopenhauer ,auquel il est allé rendre visite à Francfort . En voici un extrait : " ses paroles, lentes et monotones, qui m'arrivaient à travers le bruit des verres et les éclats de gaîté de nos voisin, me causaient une sorte de malaise, comme si j'eusse senti passer sur moi un souffle glacé à travers la porte du néant " ( "un boudhiste contemporain en allemagne : Arthur Schopenhauer") (attention, ce n'est pas moi qui ai écrit cette critique je trouvais dommage que cet ouvrage monumental n'en ai pas sur le site, j'ai ainsi copié une critique qui correspond plus ou moins à mon avis, l'original est de M. Amblard, d'ou les remerciements en titre)
Matze
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le 2 juil. 2011

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