Ouais bof.
Roman post-apocalyptique, Le monde de Julia, met en scène une adolescente, Julia (bravo, vous suivez) qui vit seule avec un robot chargé de son éducation par ses parents, qui sont partis, et jamais revenus.
Julia coule des jours studieux jusqu'au moment où les batteries de son robot finissent par se vider. Julia prend alors la route pour rejoindre le reste du monde.
Et parlons-en du reste du monde, car c'est là la meilleure idée de ce roman. Les survivants de l'apocalypse (dont on ne saura rien d'autre, à part qu'elle a eu lieu) ont reconstruit des sociétés en se basant sur les quelques œuvres du temps d'avant sur lesquelles ils sont tombés : Brazil, Fight Club, Metro 2033, etc...
Chaque communauté vit arc-boutée sur son idéologie, et on est donc face à un monde de fanatiques se faisant régulièrement la guerre pour imposer leur crédo.
Si l'idée de départ est intéressante, elle est assez peu exploitée in fine, et laisse le lecteur sur sa faim. Car Julia, elle, ne sera jamais confrontée à ces sociétés, qu'elle passera son temps à éviter, vivant de son côté une rencontre avec un autre mentor, en la personne du fantôme de Montesquieu.
Les sociétés susmentionnées, on ne les connaîtra que par le biais d'un autre personnage semblant mener sa propre voie, en quête d'un modèle de société pour l'avenir de l'Humanité.
Car toute la thématique du roman est là : construire un modèle de société pour l'avenir.
Et sans vouloir spoiler plus que de raisons, je trouve que la solution proposée par les deux auteurs de ce roman non seulement ne convainc pas, mais même m'a gêné aux entournures. car le gros problème de ce récit, c'est que pour construire le monde idéal de demain, ne sont envisagés et ne sont valorisés que les penseurs des lumières.
j'ai déjà parlé de Montesquieu, mais ce n'est pas le seul penseur invoqué. On a droit au package de base : Rousseau, Voltaire, Diderot, bref, rien de nouveau sous le Soleil, mais surtout, bah que des penseurs européens et un côté "universaliste à l'ancienne" qui m'a immédiatement fait penser "printemps républicain" (ce qui n'est pas un bon point pour moi, autant le dire tout de suite).
Quid des autres continents ? N'y a-t-il rien à en retenir, vraiment ? Et l'universalisme mis en avant dans ces lignes, de quoi parle-t-on vraiment ? Du modèle laïcard français qui crache sur les religions ? De celui qui a justifié la colonisation au nom "des Lumières" justement ?
Bref, je ne connais pas Ugo Bellagamba et Jean Baret, et je ne pense pas qu'ils soient sur une ligne droittardée sur ses sujets, mais on ressent quand même une forme de gêne à la lecture quand on constate l'absence de tout un pan de l'Humanité dans cette réflexion sur son futur.
Au final, un roman qui tape à côté et peine à convaincre, voire agace par son côté nombriliste. Les philosophes des Lumières, oui, ils ont compté un temps, mais il faut arrêter d'en faire les alpha et oméga de toute réflexion sur le monde. Hé gros, ça y est !