Godwin orbital
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Sir Richard Francis Burton est un explorateur anglais du XIXe siècle, connu pour avoir visité La Mecque déguisé en pèlerin à une époque où l’accès en était interdit aux Européens, pour avoir traduit Les Mille et une nuits, pour avoir été le premier Européen à avoir vu le lac Tanganika, entre autres choses… Consul britannique à Trieste, il meurt en 1890… et se réveille allongé, nu au bord d’un fleuve, et entouré d’autres ressuscités comme lui. Il a retrouvé son corps de 25 ans, glabre, et constitue rapidement un groupe dont il devient le chef : parmi eux, un homme de Néandertal très efficace pour le combat et la survie primitive, un extraterrestre, Monat, venu au XXe siècle sur Terre où il est mort et qui apparemment a été obligé d’annihiler la Terre. Ils comprennent progressivement que l’ensemble des êtres humains ayant vécu de tous temps sur la Terre vient d’être ressuscité le long d’un immense fleuve sur une planète inconnue. Ils assistent alors à la renaissance des clans puis des civilisations du Monde du Fleuve : de nouveaux conflits apparaissent, pour les femmes ou pour la nourriture, même s’il existe des tours en forme de champignons qui distribuent toutes les commodités aux revenants dans des boîtes personnelles. Au fil des semaines, le groupe de Burton réussit à construire une embarcation dans l’idée de remonter le Fleuve à sa source et de découvrir le but de cette résurrection globale. Mais le Fleuve semble être infini…
Le Monde du fleuve est le premier roman d’une série de 5 livres intitulée Le Fleuve de l’éternité. Sans préjuger la qualité de la série entière, ce premier tome est plutôt bon, voire très bon, si on veut bien accepter quelques éléments importants des thématiques favorites de P.J. Farmer. Tout d’abord, l’auteur a l’habitude de s’amuser avec les personnages historiques ou romanesques. Ainsi, plus de trente milliards d’individus sont répartis le long du Fleuve, dont la longueur est estimée à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, sans que cela n’empêche Burton de croiser différentes célébrités de toutes les époques, au mépris total de toute probabilité.
Ensuite, Farmer accorde une grande place à la sexualité dans son oeuvre. Il est l’un des premiers auteurs à avoir introduit des éléments d’érotisme dans la SF, utilisant notamment les amours entre humains et extraterrestres pour dénoncer aussi bien la ségrégation raciale dans les Etats-Unis des années ’50 et ’60 que le puritanisme religieux.
Il ne faut donc pas s’étonner si ces thèmes sont omniprésents sur les bords du Fleuve. Les questions de survie sont assez vite évacuées (des structures en pierre fournissent nourriture et vêtements aux ressuscités), et même la reconstruction des différentes formes de civilisation passe au second plan. Par contre, les questions des rapports sexuels sont centrales, occasionnant beaucoup de discussions et d’événements tragiques ou comiques. L’auteur en profite également pour ridiculiser tous les personnages marqués par le puritanisme de leur époque respective, ainsi que ceux qui maintiennent tant bien que mal une forme de croyance religieuse.
Malgré une cohérence d’ensemble un peu mise à mal par ce focus un peu déconcertant, Le Monde du fleuve reste une lecture extrêmement agréable : de vrais personnages, une très bonne idée de départ, des mystères dont on veut vraiment connaître le dénouement, une écriture légère et agréable, juste ce qu’il faut d’humour et des rebondissements qui rythment le récit sans nuire à l’ambiance de cet univers très singulier. On referme ce livre en se réjouissant de lire la suite de cette série et en espérant qu’elle soit à la hauteur de ce premier tome.
Prix Hugo du meilleur roman en 1972, Le Monde du fleuve reste un roman passionnant, même si les lecteurs contemporains seront probablement moins choqués aujourd’hui par les aspects provocateurs qui ont fait la réputation de P.J. Farmer.
https://olidupsite.wordpress.com/2018/05/13/le-monde-du-fleuve-philip-jose-farmer/
Créée
le 13 mai 2018
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