Le Monde enfin par Bastien Pavec
Au travers des témoignages d'une poignée de survivants, l'auteur, Jean-Pierre Andrevon, dévoile une vision de l'avenir d'autant plus sombre qu'elle est tout à fait plausible.
Le rythme est délibérément lent et descriptif. Il est d'ailleurs plaisant de lire un auteur français qui a un vrai style. Toutefois, ce rythme et ce style ont bien failli me dégoûter de finir ma lecture lors des 50 premières pages, mais, finalement, j'adhère pleinement à ce parti pris de l'auteur.
Si le lecteur est libre de se forger sa propre opinion, l'auteur n'hésite pas à revendiquer un aspect écologique (le lecteur en est averti avant le début de la narration). Cette dimension se retrouve ensuite dans toute l'oeuvre : la nature (à supposer que l'homme n'en fasse plus partie) se porterait bien mieux sans l'humanité. En effet, dans « Le Monde enfin », en quelques décennies, la végétation tout comme les espèces animales ont repris leurs droits ; l'air est à nouveau pur ; la couche d'ozone s'est reconstituée.
Pour en venir aux descriptions, très nombreuses, qui émaillent le récit, elles m'ont souvent pris aux tripes : tour à tour nostalgiques ou émerveillées, de temps à autre elles épousent le point de vue de l'un des personnages pour décrire ce qui lui paraît normal, banal, mais qui, pour autant, est susceptible de nous répugner. Ainsi en va t il de la description de la vie d'une jeune fille qui vit dans une réserve souterraine en compagnie de sa mère et de rats. Elle ne connaissait donc du monde extérieur que ce que ses livres d'images et sa mère lui en apprenaient. Une autre description particulièrement forte, qui suit la mort de l'un des principaux protagonistes, décrit avec force détails la façon dont son corps est recyclé au fil des jours par les animaux environnants ...
Ce livre a aussi pour grand intérêt de présenter des personnages très réalistes et proches de nous mais dont les priorités ont été totalement bouleversées par la catastrophe, qui n'est finalement une calamité que pour l'espèce humaine.
En somme, ce n'est pas un roman que je vous conseillerais de lire en pleines vacances d'été. Il m'a laissé dans un état étrange, à mi chemin entre tristesse et frustration. Malgré tout, cet ouvrage reste magnifique et plaira assurément tant aux misanthropes qu'à ceux qui s'émeuvent des excès de l'homme. Pourtant, si on s'attarde davantage sur son fond, ce livre est avant tout centré sur l'être humain, et c'est en cela qu'il se montre le meilleur ...