Le livre est amusant, donnant un portrait probablement assez juste de ce monde déliquescent de la presse de la "gauche de droite" (L'Obs, Le Monde, Marianne, etc) passée en bloc sous le contrôle de quelques flibustiers sans scrupule de la finance et des multimédias. Le renoncement à toute liberté d'esprit, à toute autonomie de pensée, à toute conscience critique y est solidement établi. La servilité face aux pouvoirs en place est bien devenue la norme, ainsi que la chasse à toute tentative de divergence. Toutefois, le processus ayant amené à cet état des choses remonte déjà à loin et on a le sentiment que ce livre arrive un peu tard. Aude Lancelin, s'étant retrouvée récemment expulsée de cette basse fosse, plaide la naïveté pour justifier sa longue participation. Du fait même de l’effarant panier de crabes qu'elle décrit ici, vue de loin cette naïveté persistante ressemble plutôt à une assez plate compromission. Un aussi long séjour en un tel milieu ne peut vous laisser indemne. On trouvera malgré tout plaisir à lire les portraits croquignolesques de quelques-uns de nos plus célèbres bouffons médiatiques, décrits en leurs œuvres. En un espace aussi verrouillé que celui qui réunit désormais étroitement business, médias et politiciens, seuls les règlements de compte circonstanciels permettent encore un aperçu quelque peu véridique de ce petit monde putride.