Intéressant, mais ...

Là où Sade mêlait philosophie et scènes grivoises, Gérald Foos - le Voyeur s’exprimant via la plume de Gay Talese - est Voyeur, témoin, rapporteur et même parfois sociologue. Foos est le Voyeur du titre, depuis les premier émois de l’enfance, passée à observer une tante sensuelle, jusqu’au moment où il fait l’acquisition d’un motel, qu’il aménage pour satisfaire son vice, ou plutôt son envie d’observer. Car finalement, ce sont des observations. À côté de scènes sexuelles - détaillées - dont il a été spectateur, Gérald Foos est avant tout le témoin d’une époque en pleine révolution sexuelle. Il prend des notes, repère des tendances, conclut, s’interroge sur des pratiques.
Malgré ces années à satisfaire ce qu’il appelle parfois une pulsion, et malgré ces riches observations sur la pratique du sexe dans les années 60-70, le bilan du Voyeur devient pessimiste. Voir ses clients sans faux-semblants amène Gérald Food à porter un regard déçu sur la race humaine.

Le livre offre un bon divertissement, mais n’a pas la puissance de certains Sade, si on continue la comparaison. L’œuvre fait mouche quand elle force le lecteur a devenir lui même le Voyeur, ou dans les observations et conclusions sur la sexualité américaines. Malheureusement, il y a quelques passages creux, et on termine le livre plus difficilement qu’on l’a commencé.